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Haïti-Politique : Martelly tient mordicus à rester au pouvoir après le 7 février 2016

P-au-P, 29 janv. 2016 [AlterPresse] --- Après le 7 février (2016), « si aucun accord n’est trouvé je ne laisserai pas le pays dans l’incertitude », déclare le président sortant Michel Martelly, lors d’une inauguration des infrastructures socio-économiques du wharf de Jérémie, à Port-au-Prince, le jeudi 28 janvier 2016.

Martelly soutient qu’il ne donnera pas le pouvoir à celles et ceux qui ne veulent pas aller aux élections.

De 2011 à 2016, le régime tèt kale n’a pris aucune disposition institutionnelle pour favoriser la tenue d’élections régulières.

Après avoir remplacé, en 2012, les conseils municipaux élus et conseils élus d’administration de sections communales (Casec), par des « agents exécutifs intérimaires », il a tenté de mettre en place des organismes électoraux (5 au total) irréguliers. En janvier 2015, Martelly a constaté la fin de mandats de 2/3 du sénat (20 sénateurs) et de la totalité de la chambre des députés (99 députés).

A la veille de la fin de son mandat, Martelly tente de se justifier d’avoir voulu la réalisation d’élections pour renouveler personnel politique.

Le constat, il a passé 5 ans (2011 - 2016) sans avoir pu organiser d’élections crédibles. Ce qui a conduit à l’impasse actuelle en HaPiti

La déclaration de Martelly, de « se maintenir à la présidence après le 7 février 2016 », survient après que l’Organisation des Etats américains (Oea) a approuvé, le mercredi 27 janvier 2016, sa demande (de Martelly) d’envoyer une mission spéciale « de médiation » en Haïti, en vue de superviser un dialogue entre les partis politiques.

Cette mission de médiation devrait permettre de favoriser une récupération du processus électoral décrié et d’empêcher le pays de plonger dans le vide institutionnel et dans une situation de chaos, le dimanche 7 février 2016, quand devrait prendre fonction un nouveau président élu.

Or, les élections controversées des 9 août et 25 octobre 2015 ont suscité une impasse politique, que les tenants du pouvoir tèt kale semblent vouloir prolonger en exigeant la poursuite du processus électoral décrié.

L’ambassadeur haïtien à l’Oea, Bocchit Edmond, a tenu à préciser qu’Haïti ne demanderait que de la médiation.

Le secrétaire général de l’Oea, le diplomate uruguayen Luis Almagro, a souhaité la mise en place d’un gouvernement de transition en Haïti, pour rétablir la stabilité politique et sociale dans le pays, puis assurer les conditions favorables à la tenue d’élections crédibles.

Il doit s’agir d’un gouvernement de transition pluriel et représentatif, poursuit-il.

« La légitimité et la viabilité du gouvernement de transition seraient garanties avec la participation et l’engagement des principaux acteurs politiques et sociaux », indique-t-il, dans une lettre rendue publique le mercredi 27 janvier 2016 au Conseil permanent de l’Oea.

« Dans cette situation critique que connaît Haïti, il est absolument nécessaire que nous contribuons à faire la lumière sur ce qui s’est passé, pour trouver une solution démocratique », souligne le secrétaire général de l’Oea, dans sa lettre.

Par ailleurs, l’organisation non gouvernementale Human rights watch (Hrw) a attiré, le mercredi 27 janvier 2016, l’attention sur le fait que les droits humains sont en danger en Haïti, en raison des troubles politiques dans le pays et du fait que le pouvoir n’a pu organiser des élections, à quelques 11 jours de la fin du mandat du président.

Le pays a « de sérieuses difficultés à fournir des services de base » à la population, déclare le directeur adjoint de Hrw pour l’Amérique latine, Daniel Wilkinson, lors de la présentation du rapport annuel de l’organisation, qui a eu lieu simultanément à Sao Paulo (Brésil) et Istanbul (Turquie).

Human rights watch signale combien l’avenir politique d’Haïti est dans le flou, même si le premier ministre Evans Paul a déclaré que le président remettra le pouvoir, le 7 février 2016, comme prescrit par la Constitution, et qu’il y a des négociations de haut niveau pour éviter tout « vide de pouvoir » dans le pays.

La police nationale a utilisé des gaz lacrymogènes et arrêté des manifestants, qu’elle a brutalisés, alors qu’ils protestaient contre les résultats du premier tour de l’élection présidentielle, condamne Human rights watch.

Entre-temps, les mobilisations de l’opposition se poursuivent dans les rues de la capitale Port-au-Prince, les 29 et 30 janvier 2016, pour réclamer, entre autres, le départ de l’équipe au pouvoir

Des manifestations intensives de l’opposition ont eu lieu dans les rues de Port-au-Prince, du vendredi 22 janvier au lundi 25 janvier 2016, pour exiger l’annulation du second tour de la présidentielle et des législatives partielles du janvier 2016, qui a été finalement reporté sine die.

Emmenés par des autobus, des milliers de partisans du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir ont défilé, ce jeudi 28 janvier 2016, dans les rues de la capitale Port-au-Prince pour réclamer la reprise du second tour de la présidentielle et rejeter la mise en place de tout gouvernement de transition. [bd emb rc apr 29/01/2016 13:02]