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Haiti à la recherche de la solidarité européenne

Paris, 01 déc. 04 [AlterPresse] --- Des représentants de secteurs associatifs haïtiens ont annoncé cette semaine à Paris qu’ils recherchent la solidarité européenne dans le processus de reconstruction de la société haïtienne.

« Nous cherchons toute forme d’appui qui puisse nous aider dans le travail de reconstruction de l’Etat et de la société civile », a déclaré Inette Durandis, Directrice Générale du Conseil National de Financement Populaire, lors d’une rencontre ce 30 novembre dans la capitale française avec des responsables d’ONGs françaises et franco-haïtiennes, en présence d’un journaliste d’AlterPresse.

Jean Jérôme Charles du Groupe d’Appui au Développement Rural (GADRU) et Sony Estéus de la Société d’Animation en Communication Sociale (SAKS), membres de la délégation haïtienne, prenaient également part à la rencontre de Paris. Parallèlement, la même opération était conduite en Allemagne par les 3 autres membres de la délégation.

Le plaidoyer conduit en Europe par les 6 représentants de 57 organisations et institutions haïtiennes, est réalisé en liaison avec 59 ONGs européens de solidarité avec Haïti, réunies à travers une plate-forme nommée Coordination Europe-Haiti.

« Il faut un Etat de droit en Haiti, pouvant prendre ses responsabilités et travaillant pour une société égalitaire », a fait savoir Durandis, qui plaide en faveur de « la démocratisation des institutions politiques, des ressources (économiques) et des services ».

La délégation, qui doit rencontrer des parlementaires et d’autres élus européens, souhaite, selon Inette Durandis, « des actions concrètes du gouvernement global européen » en vue de contribuer à freiner la dégradation de la situation générale en Haiti.

Pour sa part, Sony Estéus, a insisté sur la necessité de la « construction de la citoyenneté », de la décentralisation et du « développement d’une culture de la participation (socio-politique) ». En Haiti, a dit Estéus, une majorité d’exclus n’a meme pas droit à un acte de naissance.

En ce qui concerne la conjoncture politique, Inette Durandis a estimé que le « mouvement unitaire » contre le régime de l’ex-Président Jean Bertrand Aristide (déchu le 29 février 2004) a été « court-circuité » par « des manœuvres des Etats-Unis pour exclure la société civile de la gestion de l’après-Aristide ».

Abordant la violence qui règne depuis septembre dernier dans quelques quartiers de Port-au-Prince, Jean Jérome Charles a soulevé la question de la sécurité comme « la priorité des priorités ». La délégation a plaidé en faveur du renforcement de la police, le désarmement et un plan de réinsertion sociale.

A propos du Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), a travers lequel la communauté internationale s’est engagée en juillet dernier à fournir plus d’un milliard de dollars d’aide à Haiti, Jérome a suggéré qu’il soit « corrigé à l’atterrissage » et qu’il soit « orienté » différemment. Dans ce programme, qui a été « préparé sans l’avis des secteurs associatifs », a dit Jérôme, « beaucoup de points n’ont pas été touchés ».

La question de la dette extérieure haïtienne d’un montant d’1 milliard 100 millions de dollars a été également soulevée. La délégation a demandé l’annulation par la France de la dette bilatérale haïtienne comme le premier pas vers l’effacement de la dette haïtienne par l’Union Européenne.

Plusieurs personnalités très au fait de la réalité haïtienne ont également fait part de leurs points de vue durant la réunion du 30 novembre à Paris. Alain Raymond, de l’Association Francaise des Volontaires du Progrès (AFVP) a critiqué la formule des zones franches privilégiée par des décideurs nationaux et internationaux au mépris du respect des droits des travailleurs et la valorisation des ressources d’Haiti.

L’anthropologue francais Gérard Barthélémy, auteur de plusieurs ouvrages sur Haiti, a mis l’accent sur l’importance de la gestion de la coopération avec la participation de ceux qui en sont les bénéficiaires.

Le pretre canadien René Solers, qui a longtemps œuvré en Haiti, notamment dans les domaines de l’alphabetisation et la production audio-visuelle, a invité les ONGs à conduire des programmes de formation de formateurs en divers domaines en vue de contribuer à l’autonomie progressive des secteurs sociaux. [gp apr 01/12/04 12 :00]