P-au-P, 18 janv. 2016 [AlterPresse] --- Une conférence-débat a eu lieu, le dimanche 17 janvier 2016, dans la ville de Petit-Goâve (Sud du pays), autour du thème de l’occupation américaine d’Haiti, dont 2015 marquait le centenaire, observe AlterPresse
Cette conférence, animée par l’économiste Camille Chalmers, secrétaire exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), a été l’occasion de sensibiliser la population sur les conséquences économiques, politiques, sociales et culturelles néfastes de l’occupation du pays.
La domination des forces étrangères, spécialement américaines, exercée sur le pays, a été vivement critiquée par Chalmers au cours de cette conférence réalisée à l’initiative du Groupe de recherche et d’action pour la démocratie (Grad) en partenariat avec le Collectif intergénérationnel de Petit-Goâve (Cigpeg).
« Ce centenaire constitue une occasion de poser les problèmes fondamentaux du pays en vue d’un travail de mémoire sur les 100 dernières années », souligne l’économiste Camille Chalmers.
Ce travail de mémoire devra permettre d’analyser les mécanismes de domination installés dans le pays depuis 1915 et voir pourquoi ils sont encore présents en 2016, souligne-t-il.
Cette démarche doit susciter une volonté chez les gens d’entrer dans un combat réel visant la « désoccupation » d’Haiti.
« Nous ne pouvons pas penser l’avenir du peuple haïtien sans mener un véritable combat de libération nationale. C’est une nécessité », estime-t-il, s’adressant à l’assistance composée en majorité de jeunes.
Des organisations de masse et des organisations politiques projettent de rénover la statue de Marchaterre (Cayes, troisième ville d’Haïti dans le département du Sud) , un lieu où de nombreux paysans ont été massacrés, le 6 décembre 1929.
La première statue, réalisée par l’artiste-peintre, sculpteur et céramiste haïtien Jean-René Jérôme (né le 17 mars 1942 à Petit-Goâve et mort le 1er mars 1991 à Port-au-Prince), montrait un paysan muni d’une pioche en position de résistance. Elle avait été détruite par des mains inconnues en 1989.
« Nous voulons reconstruire la statue et organiser un large mouvement ciblant les jeunes des écoles et des universités. Nous allons organiser des pèlerinages pendant toute l’année jusqu’au 6 décembre 2016 », annonce le professeur Chalmers.
Il souhaite la reconstruction du monument de Marchaterre avec la participation et la contribution de tous les Haïtiens.
Cette statue représenterait un symbole de dignité et de résistance des paysans face à l’occupation américaine, affirme-t-il.
Un tribunal populaire symbolique contre l’occupation américaine d’Haïti devrait débuter le 28 juillet 2016 pour s’achever le 17 décembre 2016, indique-t-il.
4 séances du tribunal populaire, rassemblant des jurys, des accusateurs, des témoins et s’appuyant sur une documentation scientifique très sérieuse sont prévues dans cet intervalle.
« Si le 28 juillet rappelle la date du débarquement des soldats américains, le 17 décembre, c’est la date à laquelle les américains avaient dérobé les réserves d’or dans les coffres de la République d’Haïti », rappelle-t-il.
L’occupation de la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) qui a déjà 11 ans dans le pays représente un bilan catastrophique pour le peuple haïtien, condamne Chalmers.
La force onusienne a un nouveau mandat, jusqu’au 16 octobre 2016, selon une résolution adoptée à l’unanimité, le mercredi 14 octobre 2015, par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu).
Suivant cette résolution, le mandat prolongé de la Minustah garde le niveau actuel d’effectif autorisé de 2,601 policiers des Nations Unies (Unpol) et de 2,370 militaires.
Le Conseil de sécurité des Nations unies avait déjà approuvé le 14 octobre 2014, à l’unanimité, la résolution 2180, qui prorogeait, jusqu’en octobre 2015, le mandat de la force onusienne en Haïti.
Établie le 1er juin 2004, la Minustah a succédé à une force multinationale intérimaire, autorisée par le dit Conseil en février 2004 après le départ, pour l’exil, de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.
Depuis son installation, des organismes de défense des droits humains, des secteurs sociaux, parlementaires, citoyennes et citoyens, n’ont pas cessé de réclamer le retrait de la force onusienne, qu’ils qualifient de « force d’occupation » en Haïti. [jep emb gp apr 18/01/2016 12 : 50]