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“Profond mépris” de la communauté internationale envers Haïti

Prise de position concernant l’attitude de la communauté internationale

Par le Groupe de la société civile et de partis politiques
Réclamant l’annulation des élections et des poursuites à l’encontre des responsables de fraude

Document transmis à AlterPresse le 16 janvier 2015

La communauté internationale dominée en Haïti par le Core Groupe −réunissant le Brésil, le Canada, l’Espagne, les États-Unis d’Amérique, la France, l’OÉA (Organisation des États américains) et l’Union européenne− s’est systématiquement engagée, depuis des décennies, à contrecarrer les processus nationaux visant à concrétiser les aspirations exprimées par les populations à la chute de la dictature duvaliériste, à savoir : permettre la transition qui assurerait le démantèlement des structures de pouvoir autoritaire et despotique et la construction d’un État de droit démocratique.

En particulier, le positionnement relatif au processus électoral actuel traduit le profond mépris dans lequel cette communauté internationale tient Haïti. En dépit des faits tenaces, qui prouvent le caractère incohérent et frauduleux des scrutins des 9 août et 25 octobre 2015, elle insiste, fait pression pour que ce processus vicié suive inexorablement son cours, au détriment de la dignité nationale et des principes démocratiques, afin d’imposer des résultats électoraux en tous points irrecevables. Dans son arrogance, cette communauté internationale croit que son statut de conglomérat de grandes puissances, de bailleur de fonds, lui confère tous les droits en Haïti ; incluant celui de décider qui doit être aux commandes de l’État.

En intervenant systématiquement et ouvertement dans les affaires internes du pays, pour conforter le gouvernement en poste dans ses dérives et justifier des manigances électorales qui, en aucun cas, ne seraient acceptables dans leurs pays, cette communauté internationale alimente continuellement les crises à répétition qui saccagent le pays. Elle empêche le peuple haïtien de réaliser son propre cheminement pour l’instauration d’un État souverain, démocratique, guidé par l’intérêt collectif.

La société civile et la société politique, qui s’associent pour exiger l’annulation des élections et des poursuites judiciaires à l’encontre des responsables de la gabegie, considèrent que la surdité et la cécité affichées par le Core Groupe est l’expression de la volonté d’imposer des choix politiques à Haïti, de la maintenir sous une occupation qui ne dit pas son nom, afin de préserver des intérêts en parfaite opposition avec les désidératas du peuple haïtien. A chaque nouvelle étape le Core group s’engage à corriger les « erreurs » de la phase antérieure, comme si celles-ci n’avaient aucune conséquence sur les élections, sur les élus mais surtout sur la vie des haïtiens et des haïtiennes.

Il s’enkyste par ailleurs dans une logique mercantile à prétendre justifier son attitude par les dépenses qu’elle a déjà consenties. Rien ne saurait être plus léger.
• Les élections contestées ou frauduleuses, en aucune façon ne sauraient garantir la légitimité la stabilité et la gouvernabilité. Par conséquent elles auront un impact négatif sur la gouvernance économique et politique. En témoigne le maigre taux moyen de croissance de 1,5% dans lequel pataugeait notre pays entre 2000 et 2014.

• Elles fragilisent les soi-disant élus en les transformant ainsi en des proies faciles entre les mains des acteurs tant nationaux qu’internationaux

Les citoyennes et citoyens mobilisés pour le refus de l’inacceptable, n’entendent pas se plier au dictat du Core Groupe et continueront à lutter pour l’avènement d’une Haïti souveraine, solidaire, respectueuse des droits et libertés.

Signataires : : Marie Frantz JOACHIM, Edmonde S. BEAUZILE, Pierre BUTEAU, Freud JEAN, Jean Baptiste BIEN AIME, Jean William JEANTY, Junot FELIX, Wesner POLYCARPE, Jean Henold BUTEAU, Yolette Andrée JEANTY

Port-au-Prince, le 15 janvier 2016

Pour authentification

Marie-Frantz JOACHIM
Coordonnatrice générale de la SOFA

Jean-William JEANTY
Coordonnateur général du parti Kontra Pèp la