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Haïti-Politique : La Fédération protestante d’Haïti encourage le dialogue, Lapeh veut la tête du Cep

P-au-P, 14 janv. 2016 [AlterPresse] --- A 10 jours du second tour de la présidentielle, fixée pour le 24 janvier 2016, la Fédération protestante d’Haïti (Fph) voudrait entamer une série d’échanges avec tous les protagonistes politiques en vue de trouver une solution à la crise électorale, apprend AlterPresse.

Ce projet de dialogue s’inscrit dans la perspective de trouver un dénouement heureux à la crise politique, affirme le président de la Fédération protestante d’Haïti, le pasteur Sylvain Exantus, instigateur de ce mouvement de médiation.

Le président Michel Martelly déclare qu’il n’aurait aucune objection à participer dans un dialogue avec les protagonistes politiques pour résoudre la crise.

« Il y a tout un environnement, qui est favorable à un dialogue. A présent, nous nous retrouvons à la phase de la planification de la date du dialogue », indique-t-il, souhaitant que tout le monde puisse voir dans ce dialogue les intérêts de la nation.

« Les acteurs doivent savoir qu’ils ont un pays qui souffre, qui a besoin des gens de grandeur d’âme et de sens du sacrifice. Le pays a besoin des gens, qui ont le sens du bien commun pour permettre à ce qu’il y ait un dégel de la situation », souligne le pasteur Sylvain Exantus.

Pour sa part, le président de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), l’ancien sénateur Jean Hector Anacacis, durcit le ton par rapport à la démarche entreprise par la Fédération protestante d’Haïti.

« Le 24 janvier 2016, nous n’allons pas participer dans les élections avec un Conseil électoral décrié. Même la commission présidentielle avait affirmé que ces gens n’inspirent pas confiance. La population a perdu confiance en eux, ils manquent de légitimité », critique Anacacis.

Une invitation, envoyée par Martelly au candidat Jude Célestin, pour une rencontre avec lui et le candidat du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir, Jovenel Moïse, a été boudée par le parti Lapeh.

Martelly a l’habitude d’utiliser les institutions religieuses pour faire de la démagogie, se méfie Anacacis.

Dans le dossier relatif à la double nationalité de Martelly, c’étaient les églises catholique romaine et protestante qui étaient au-devant de la scène pour insinuer que le président ne détenait pas d’autre nationalité, rappelle-t-il.

De plus, « Martelly avait aussi utilisé l’église catholique (romaine) pour obtenir l’accord d’El Rancho (mars 2014). C’est cet accord qui a enfoncé le pays dans les problèmes actuels », énumère Anacacis, rappelant qu’il n’y a jamais eu d’application des recommandations dudit accord.

« Nous n’allons pas dialoguer avec ces gens. Nous allons dialoguer, lorsqu’il y aura des gens sincères, des institutions sérieuses, des gens crédibles qui ont déjà fait leurs preuves et qui ne sont pas vassalisés par l’exécutif et la communauté internationale », réitère Anacacis.

La Mission d’observation électorale de l’Organisation des Etats américains (Moe/Oea) en Haïti applaudit les dispositions, annoncées par le Conseil électoral provisoire (Cep), pour adopter une grande partie des recommandations de la commission d’évaluation électorale, dans une note datée du 12 janvier 2016.

Après plusieurs tergiversations, les membres du Cep affirment, maintenant, être résolus à respecter, à la lettre, toutes les recommandations de la commission d’évaluation électorale indépendante, en vue d’aboutir au remplacement de Michel Martelly le 7 février 2016.

Après avoir révélé des irrégularités graves, assimilées à de la fraude massive, la commission, en charge d’évaluer la présidentielle du 25 octobre 2015, a exigé des changements au sein de la machine électorale et un dialogue entre les divers acteurs impliqués dans la crise issue de la présidentielle du 25 octobre 2015, jugée frauduleuse.

Aucun dialogue n’est possible avec le président Michel Martelly, parce qu’il a passé plus de 4 ans sans organiser des élections dans le pays, fustige Jean Hector Anacacis réaffirmant que Lapeh n’ira pas aux élections du 24 janvier 2016, avec l’équipe au pouvoir.

« En tant que chef du parti, Jude Célestin n’ira pas aux élections avec Jovenel Moïse. S’il participe, il ira tout seul. J’ai donné l’ordre à tous les coordonnateurs qu’ils n’ont aucun droit de participer dans des réunions avec quiconque », précise-t-il, appelant le peuple à la mobilisation. [jep emb rc apr. 14/01/2016 1:00]