Español English French Kwéyol

Haïti - Elections : La conseillère électorale Yolette Mengual, contrainte d’observer une trêve au Cep

P-au-P, 12 janv. 2016 [AlterPresse] --- « Je suis amenée à suspendre temporairement ma participation aux activités du Conseil [électoral provisoire] en vue de mener une bataille judiciaire contre les accusations sans fondement (…) dont j’ai fait l’objet ces derniers jours ».

C’est ce qu’a déclaré la conseillère électorale Yolette Mengual, dans une lettre en date du 11 janvier 2016, adressée au président du Conseil électoral provisoire, Pierre-Louis Opont.

Dans cette lettre, dont une copie est transmise à l’agence en ligne AlterPresse, la conseillère qualifie de diffamatoires les accusations portées contre elle.

Il s’agit d’une campagne de dénigrement et de salissage, planifiée par des individus, dont l’objectif avoué est de bloquer le processus électoral, afin d’aboutir à un vide institutionnel le 7 février 2016, dénonce-t-elle.

« J’irai jusqu’au bout dans ma quête de justice et de réparation contre ces attaques diffamatoires, en attendant de pouvoir rependre pleinement mes engagements au sein de l’institution », soutient Mengual.

Cette position de la conseillère fait suite à une correspondance, reçue du collectif féminin haïtien pour la participation politique des femmes, Fanm yo la, en date du 8 janvier 2016.

Dans cette correspondance, Fanm yo la demande à la conseillère de se libérer des responsabilités du Cep, en vue de pouvoir se consacrer pleinement à amener la justice à faire définitivement la lumière sur ce dossier de corruptions et enfin rétablir la justice.

Mengual indique avoir confié son dossier à un cabinet d’avocats, qui aura à faire le nécessaire afin de traduire en justice les auteurs et commanditaires de cette campagne de diffamation à son endroit.

Elle a été accusée d’être impliquée dans des cas de corruption, dans le cadre de sa fonction, au sein de l’institution électorale, par le candidat à la députation de la circonscription Ferrier / Les Perches (Nord-Est), Gérald Jean, et l’ancien président du Sénat de la république, Dieusseul Simon Desras.

Des organisations de femmes, dont la Solidarite des femmes haïtiennes (Sofa), Kay Fanm, Konbit Fanm Saj, Fanm Deside et Enfo Fanm, ont affirmé se démarquer des agissements de la conseillère, dans un communiqué en date du 18 décembre 2015.

Le représentant de l’église catholique romaine au Conseil électoral provisoire (Cep), Ricardo Augustin, a été obligé de remettre officiellement sa démission, le jeudi 7 janvier 2016.

Le conseiller électoral Néhémie Joseph avait également remis sa démission au Cep ¨pour manque de confort¨, indique-t-il dans une lettre en date du 30 septembre 2015.

Pour sa part, le représentant du secteur des droits humains au sein du Conseil, Jaccéus Joseph, déplore ses conditions de travail et avoue avoir reçu des menaces de mort à cause de sa position dissidente.

« Je ne compte pas contribuer à un processus électoral qui, d’avance, sera entaché de déficit de crédibilité et débouchera sur des dirigeants illégitimes. », a-t-il dit, à propos du second tour des élections présidentielle et législatives partielles, annoncées pour le 24 janvier 2016.

Les élections du 24 janvier 2016 seront « pires » que celles des 9 août et 25 octobre 2015, prévient-il.

De multiples irrégularités et fraudes électorales, comme des cas de bourrages d’urnes, effectués, de manière systématique, dans des bureaux de vote, ont été dénoncés par plusieurs organisations de la société civile.

La crise politique, née de ces élections, s´aggrave de plus en plus, observe AlterPresse.

Après plusieurs tergiversations, les membres du Cep annoncent qu’ils vont respecter, à la lettre, toutes les recommandations de la commission d’évaluation électorale indépendante, en vue d’aboutir au remplacement du chef de l’exécutif le 7 février 2016, lors d´une conférence de presse tenue au local du Conseil électoral provisoire (Cep), le lundi 11 janvier 2016.

La commission, en charge d’évaluer la présidentielle du 25 octobre 2015, a exigé des changements au sein de la machine électorale et un dialogue entre les divers acteurs impliqués dans la crise.

Plusieurs secteurs politiques et sociaux continuent d’exiger l’annulation des dernières élections jugées frauduleuses. [sj emb vs apr 12/01/2016 15:00]