P-au-P, 11 janv. 2016 [AlterPresse] --- Les élections présidentielles et législatives partielles annoncées pour le 24 janvier 2016 seront « pires » que celles des 9 août et 25 octobre 2015, prévient le représentant du secteur des droits humains au sein du Conseil électoral provisoire (Cep).
La non prise en compte par le Cep des recommandations de la commission d’évaluation électorale sera à l’origine de cette situation, précise Jaccéus Joseph, lors d’une conférence de presse, le 8 janvier 2016, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
¨Le Cep fait fi des recommandations de la commission d’évaluation électorale indépendante, comme le dialogue national encouragé entre les différents secteurs du pays¨, déplore-t-il.
L’institution a aussi exigé que des sanctions soient prises à l’encontre des personnes impliquées dans des cas de fraude et de corruption électorale.
« S’il y avait une crise électorale qui a donné naissance à la formation de la commission d’évaluation électorale indépendante, cette crise devrait servir de leçon au Cep pour trouver la solution à travers les recommandations de la commission », indique Jaccéus Joseph.
Le conseiller électoral n´envisage pas de ¨contribuer au travail au niveau du Bureau du contentieux électoral national (Bcen) et du Bureau du contentieux électoral départemental (Bced) pour les élections prévues pour le 24 janvier 2016, si l’institution électorale ne tient pas compte de l’ensemble des recommandations de la commission d’évaluation électorale pour ramener la crédibilité au processus électoral¨.
« Je ne compte pas contribuer à un processus électoral qui, d’avance, sera entachée de déficit de crédibilité et débouchera sur des dirigeants illégitimes ».
Malgré les suspicions pesant sur les membres du Cep, le représentant des droits humains indique qu’il ne compte pas pour l’instant démissionner.
« Je démissionnerai du Cep si ce dernier ne s’engage pas véritablement à organiser des élections libres, honnêtes et démocratiques », précise-t-il.
Jaccéus Joseph déplore les conditions de travail difficiles au sein du Cep et avoue avoir reçu des menaces de mort à cause de sa position dissidente.
Le président Michel Martelly a officiellement fixé pour le 24 janvier prochain la date du deuxième tour des élections présidentielles et législatives partielles, alors que le Conseil électoral provisoire (Cep) a enregistré la démission d’un de ses membres, Ricardo Augustin, représentant de l’église catholique au sein de l’institution.
Dans un contexte de crise électorale, la Conférence des évêques catholiques d’Haïti (Ceh) se dit disposée à pourvoir au remplacement de l’ancien conseiller électoral Ricardo Augustin dans le meilleur délai, dans une note en date du 8 janvier 2016.
Les recommandations contenues dans un rapport de la commission d’évaluation électorale en vue d’une issue à cette crise n’ont pas été prises en compte par les autorités électorales et le pouvoir en place.
Ce rapport, qui invite à un dialogue politique entre les divers acteurs impliqués dans l’impasse, a établi que les scrutins ont été entachés d’irrégularités graves, « assimilées à des fraudes massives ».
Des secteurs politiques et sociaux rejettent ces dernières élections jugées frauduleuses.
Entre-temps, la rentrée parlementaire des nouveaux élus, issus des élections controversées des 9 août et 25 octobre 2015, est prévue pour le lundi 11 janvier 2016, dans un contexte de crise et de protestation devant le siège du parlement à Port-au-Prince. Elle concerne 92 nouveaux députés et 24 sénateurs.
La prestation de serment d’une partie de la 50e législature constitue « un acte gratuit, susceptible de compliquer davantage toute recherche de solution à la crise, née de l’organisation des élections (controversées) de 2015 », déplore le Groupe des huit candidats à la présidence (G-8).[bd emb vs apr 11/01/2016 14 : 50]