Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 11 janv. 2016 [AlterPresse] --- La prestation de serment d’une partie de la 50e législature constitue « un acte gratuit, susceptible de compliquer davantage toute recherche de solution à la crise, née de l’organisation des élections (controversées) de 2015 », déplore le Groupe des huit candidats à la présidence (G-8), qui contestent les résultats dits définitifs des scrutins du 25 octobre 2015.
Le G-8 se dit indigné face à « la validation des pouvoirs et la prestation de serment, à la cloche de bois, d’une partie des députés de la 50e législature, en violation de la Constitution, de la loi et du décret électoral », dans un communiqué en date du 11 janvier 2016, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Cet acte est vu, par le G8, comme « une complication supplémentaire de la crise, née de l’organisation scandaleuse des élections de 2015, que le gouvernement provisoire, appelé à prendre en main les destinées de la Nation, après le 7 février 2016, devra contourner ».
« Ils se sont empressés de prendre d’assaut la maison du peuple, alors que la Commission présidentielle d’évaluation électorale a appelé à l’évaluation des décisions des Bureaux du contentieux électoraux départementaux (Bced) et du Bureau du contentieux électoral national (Bcen), obtenues à coups d’argent auprès de juges électoraux et de membres du Conseil électoral provisoire (Cep) », fustige le G-8.
La rentrée parlementaire des nouveaux élus, issus des élections controversées des 9 août et 25 octobre 2015, est prévue pour ce lundi 11 janvier 2016, dans un contexte de crise et de protestation devant le siège du parlement à Port-au-Prince.
Elle concerne 92 nouveaux députés et 24 sénateurs.
Les pouvoirs de ces députés, élus pour 4 ans, ont été validés, lors d’une séance, tenue, sans aucune annonce publique, le dimanche 10 janvier 2016, à la chambre des députés.
La chambre des députés devrait être complétée par 27 autres élus, qui devraient être issus d’élections partielles annoncées pour le 24 janvier 2016, alors que les nouveaux sénateurs doivent rejoindre les 10 actuellement en fonction.
6 autres sénateurs devraient sortir des législatives partielles.
Plusieurs nouveaux élus ont été préalablement dénoncés comme des repris de justice, des violateurs de droits humains ou des individus supposément mêlés au trafic de la drogue.
Sous prétexte de teneur « en Anglais » des contenus soumis, une commission ad hoc - créée pour analyser les dossiers des « élus » à la chambre basse - a déclaré « irrecevables » les documents mis à disposition, lors de la séance de validation du dimanche 10 janvier 2016
Assurés du support de la communauté internationale, trop attachée à la défense de ses seuls intérêts, des acteurs nationaux ne cessent de multiplier les actes antidémocratiques, antinationaux et anti-peuple, qui risquent de plonger le pays dans la violence, l’anarchie et le chaos, dénonce le G-8.
Certains partenaires internationaux, qui se sont toujours vantés d’être des champions de la démocratie, pour la défense de leurs intérêts économiques et électoraux, n’hésitent pas à fouler aux pieds les principes démocratiques, les valeurs morales, les conventions internationales et la loi, condamne-t-il
Les trafiquants de drogue, les criminels et les corrompus sont des partenaires respectables, dès qu’il s’agit de se soumettre aux diktats de la communauté internationale, poursuit-il.
Le nouvel ordre mondial s’accommode-t-il désormais au grand banditisme transnational ?, s’interroge le Groupe des 8 candidats à la présidence.
Un peuple, ayant pour ancêtres Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Henry Christophe, Alexandre Pétion et Charlemagne Péralte, ne peut accepter, d’aucune force au monde, cette forme d’humiliation, sans exercer son droit légitime à la révolte.
Le G-8 dit contester l’entrée en fonction, en marge de la loi, de la 50e législature.
Le G-8, dont fait partie Jude Célestin, de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh) - qui affirme refuser de prendre part au deuxième tour de la présidentielle, face au candidat du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir, Jovenel Moïse - réitère son appui aux manifestations populaires pacifiques, organisées un peu partout à travers le pays pour forcer l’exécutif et le Cep à respecter le verdict des urnes.
Une manifestation de milliers de personnes a eu lieu, le vendredi 8 janvier 2016, dans les rues de la capitale pour exiger l’annulation des scrutins des 9 août et 25 octobre 2015.
En dépit d’une « période additionnelle » de campagne électorale, allant du vendredi 8 au vendredi 22 janvier 2016, accordée par le Cep décrié aux candidats, divers secteurs socio-politiques du pays continuent d’exiger l’annulation des élections des 9 août et 25 octobre 2015, considérées comme frauduleuses.
Le président Michel Martelly a officiellement fixé, au 24 janvier 2016, la tenue du deuxième tour des élections présidentielle et législatives partielles, sans prendre en compte les recommandations contenues dans le rapport de la commission d’évaluation électorale.
Ce rapport a établi que ces scrutins ont été entachés d’irrégularités graves, « assimilées à des fraudes massives ». [emb rc apr 11/01/2016 12:30]