P-au-P, 08 janv. 2016 [AlterPresse] --- Divers secteurs socio-politiques du pays condamnent l’arrêté présidentiel en date du 6 janvier 2016, qui convoque les citoyennes et citoyens haïtiens aux urnes le dimanche 24 janvier 2016, dans des interviews accordées à AlterPresse.
« Cette décision constituerait le dernier pion du président Michel Martelly et représente une tentative désespérée de sa part », déclare l’avocat Michel André, un des membres de l’espace de résistance patriotique.
¨Martelly essaierait de se maintenir au pouvoir en refusant d’organiser de bonnes élections durant les quatre ans de son mandat¨, dénonce-t-il.
« Ça ne se passera pas. Le Conseil électoral provisoire (Cep) a déjà reconnu qu’il est matériellement impossible d’avoir un président élu avant le 7 février. Donc, il y aura un gouvernement de transition, le 7 février 2016 », soutient l´avocat.
Michel André appelle tous les acteurs politiques à se concerter en vue de déterminer la nature et la composition du gouvernement de transition et faire échec au projet de Martelly, visant à organiser des élections illégitimes dans le pays.
« Si Martelly organise la présidentielle, le 24 janvier 2016, ce sera le chaos et l’instabilité politique dans le pays », avertit-il.
« Nous sommes dans une situation d’instabilité institutionnelle totale. Toutes les institutions sont discréditées, il ne nous reste que le compromis et le consensus entre les acteurs politique du pays en vue d’éviter au pays le chaos », conclut-il.
Martelly a officiellement fixé pour le 24 janvier prochain la date du deuxième tour des élections présidentielles et législatives partielles, alors que le Conseil électoral provisoire (Cep) enregistre la démission d’un de ses membres, Ricardo Augustin, représentant de l’Eglise catholique romaine au sein de l’institution.
Martelly, le premier ministre Evans Paul et les titulaires des ministères ont paraphé un arrêté pour convoquer les citoyennes et citoyens aux urnes.
Pour sa part, le coordonnateur exécutif de Tèt kole ti peyizan ayisyen, Rosnel Jean-Baptiste affirme qu’il continuera à douter de l’organisation de bonnes élections dans le pays, tant que Martelly reste président et qu’il existe ce Cep « décrié » voulant à tout prix satisfaire l’intérêt de la communauté internationale.
« La publication de cet arrêté, par Martelly, vise à justifier l’éventuelle mascarade électorale annoncée le 24 janvier 2016, afin de mettre son poulain au pouvoir, à savoir le candidat du Parti haïtien tèt kale (Phtk), Jovenel Moïse, placé en tête des résultats définitifs de la présidentielle du 25 octobre 2015 », fustige-t-il.
Il exige l’annulation des élections controversées des 9 août et 25 octobre en vue de mettre sur pied un autre Cep honnête et crédible.
« La poursuite du processus électoral, en faisant fi des contestations exprimées par de multiples secteurs relativement à ces élections, constitue une provocation », de l´avis de Rosnel Jean-Baptiste.
¨Les élections devraient être annulées et des enquêtes sérieuses diligentées pour faire comparaître par devant la justice toutes celles et tous ceux qui sont impliqués dans les actes malhonnêtes et de corruptions¨, exige, de son côté, le responsable du mouvement démocratique populaire (Modep).
Guy Numa invite la population à se mobiliser contre ces élections et la prestation de serment des élus illégitimes de la 50e législature, le 11 janvier 2016.
Il réclame aussi la démission de tous les membres du Cep et propose un consensus politique afin de gérer l’après Martelly.
¨Un gouvernement de transition doit être mis sur pied, non seulement pour organiser des élections dans le pays, mais attaquer l’ensemble des problèmes de la population¨.
Guy Numa encourage également l’annulation de toutes les décisions inconstitutionnelles prises sous l’administration de Martelly. [bd emb vs apr 08/01/2016 11:30]