Correspondance de Shella Chauvette
Belladère, 7 jan 2016 [Alter Presse] --- Les autorités dominicaines ont refoulé 43 migrantes et migrants haïtiens, dont 13 femmes, 28 hommes et deux enfants, sur la frontière de Belladère (Commendador/Elias Pinas), le mardi 5 Janvier 2016, apprend l’agence en ligne Alter Presse.
L’une des femmes rapatriées est enceinte de six mois et demi.
Le lundi 4 janvier, 19 autres personnes ont été rapatriées à Carizar (localité frontalière de Belladère), sans aucune structure d’accueil pour les accompagner.
Les personnes rapatriées à Belladère se plaignent de la lenteur des actions des autorités haïtiennes qui n’ont, jusqu’à présent, rien fait pour leur procurer les pièces nécessaires, comme leurs cartes d’identification nationale, leurs actes de naissance alors qu’ils ont payé pour ces documents en République dominicaine.
« J’ai payé 1, 000 pesos au bureau de l’immigration haïtienne en République dominicaine pour avoir des documents. A chaque fois, je viens les récupérer, ils me donnent un autre rendez-vous. Les autorités dominicaines m’ont intercepté et m’ont conduit sur la frontière de Belladère », relate Gladys Nelson, une rapatriée.
Ces ressortissants, qui viennent des départements du Sud, du Centre et du Nord, font face à beaucoup de difficultés financières.
Certains d’entre eux se plaignent de n’avoir pas eu le temps de récupérer leurs biens en territoire dominicain et de leur incapacité à payer le transport vers une destination donnée.
« Des policiers m’ont intercepté pendant que je travaillais dans un chantier de construction, ils ne m’ont pas donné la chance de changer mes vêtements et de prendre mes 1, 000 pesos qui se trouvaient dans un de mes habits¨, critique un migrant, Dieudonné Désir.
L’Association des femmes dévouées pour le développement de Los-Puertes, (Afddl) condamne les agissements de la migration dominicaine qui continue d’ignorer toutes les procédures de rapatriements.
Ces autorités mettent en péril l’intégrité physique des personnes rapatriées, en les transportant entassées, encagées.
Aucune de ces personnes ne disposait d’un certificat de rapatriement, contrairement aux exigences du protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriement, signé entre Haïti et la République Dominicaine.
« Rapatrier des femmes enceintes et des enfants en bas âge, sans tenir compte des conditions humaines minimales, c’est violer les conventions et les traités internationaux. Il faut une intervention de nos autorités pour faire respecter les accords signés », exige la coordonnatrice de l’Organisation pour le développement de bas Croix-Fer (Odbc), Yvonne Cyriaque.
Certaines habitantes et habitants de Belladère fustigent l’irresponsabilité et le laxisme des autorités haïtiennes face aux mauvais traitements que continuent de subir les migrantes et migrants haïtiens.
De février 2015 à janvier 2016, 1, 554 migrantes et migrants haïtiens ont été rapatriés sur la frontière de Belladère, selon les statistiques des organisations de femmes basées dans la commune.
¨La seule politique d’immigration qui s’applique à la direction générale de la migration pour contrôler le flux migratoire est l’expulsion¨, déplore le Réseau frontalier Jeannot Succès (Rfjs) pour la promotion et la défense des droits humains.
¨Les autorités dominicaines doivent réactiver et renforcer les canaux de collaboration entre l’Etat et la société civile pour améliorer la législation et faire en sorte que cela se transforme en un instrument efficace et humain¨, exhorte la Rfjs. [sc emb vs apr 7/01/2016 13 : 30]