P-au-P, 06 janv. 2016 [AlterPresse] --- Le président Michel Martelly a officiellement fixé, pour le 24 janvier 2016, la date du deuxième tour des élections présidentielles et législatives partielles, alors que le Conseil électoral provisoire (Cep) enregistre la démission d’un de ses membres, Ricardo Augustin, représentant de l’église catholique romaine au sein de l’institution, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Un arrêté, portant la date du 6 janvier 2016, a été paraphé par le chef de l’État, le premier ministre Evans Paul et les titulaires des ministères pour convoquer les citoyennes et citoyens aux urnes.
Le candidat à la présidence pour la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), Jude Célestin, arrivé en deuxième position dans les résultats officiels du premier tour de la présidentielle, est attendu au second tour face à son rival Jovenel Moise du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir.
La date à retenir pour la tenue des élections locales est laissée à la discrétion du Conseil électoral provisoire (Cep), ainsi que celles relatives au début et à la fin de la campagne électorale.
Le 5 janvier 2016, suite à une réunion entre le Cep et l’exécutif au palais présidentiel, le président de l’institution électorale, Pierre-Louis Opont, a fait parvenir au chef d’État une correspondance où il a précisé être « en mesure de garantir l’organisation du deuxième tour » de la présidentielle, des élections législatives partielles et locales, le 24 janvier 2016.
Préalablement, le second tour de la présidentielle a été annoncé pour le dimanche 17 janvier 2016 par le président Martelly.
Le Cep avait auparavant laissé planer des doutes sur le respect des échéances constitutionnelles du 11 janvier 2016 pour la rentrée parlementaire et du 7 février 2016 pour l’investiture du président élu.
A l’issue de la réunion du 5 janvier 2016 au palais présidentiel, le conseiller Ricardo Augustin a rédigé sa lettre de démission, qu’il a fait parvenir au chef de l’État.
Dans cette lettre, dont copie est parvenue aux médias le 6 janvier 2016, le conseiller indique que sa décision prend effet immédiatement.
Parallèlement, on apprend que des certificats seront remis, dès le 7 janvier 2016, par le Cep aux élus du premier tour des législatives, malgré des contestations non totalement résolues.
Les noms des nouveaux élus, dont la plupart sont contestés, ont été publiés le 5 janvier 2016 par l’exécutif, dans le journal officiel « Le Moniteur », en vue de la rentrée parlementaire prévue au 11 janvier 2016.
Ces dispositions font partie d’une accélération de l’actualité, observée au moment où l’ambassadeur Thomas Shannon, conseiller du secrétaire d’État américain John Kerry, est en visite de travail en Haïti, à partir du 6 janvier 2016.
Quelles considérations l’exécutif montre-t-il vis-à-vis des recommandations de la « Commission d’évaluation électorale indépendante », qu‘il à mise en place pour rechercher une issue à la crise électorale ?
Après avoir constaté de nombreuses irrégularités « souvent assimilées à de la fraude massive », la commission a recommandé un dialogue entre les différents acteurs politiques impliqués dans la crise, en vue de trouver un compromis raisonnable et des changements au sein du Cep et de toute la machine électorale.
Elle a également demandé l’ouverture d’une enquête pour découvrir les personnes impliquées dans les irrégularités, notamment celles qui s’assimilent à de la fraude.
Dans une note en date du 5 janvier 2016, le candidat Jude Célestin appelle le gouvernement à appliquer les recommandations de la commission d’évaluation électorale, pour que le processus puisse inspirer confiance à la population.
Pour sa part, le sénat de la république insiste sur la vérification des décisions des Bureaux du contentieux électoral départemental (Bced) et Bureaux du contentieux électoral national (Bcen) ainsi que l’épuration de l’appareil électoral, qui constituent d’autres recommandations de la Commission d’évaluation.
Il encourage aussi « le parachèvement du processus électoral, afin d’éviter que, comme par le passé, des circonscriptions entières ne restent sans représentation au parlement ou soient représentés par des élus, traînant un déficit de légitimité ».
« Au terme du processus ainsi conduit dans la sérénité et l’honnêteté, hors de toute contestation ou crise, les parlementaires élus, en effectif complet, seront appelés à s’inscrire en bonne et due forme pour l’ouverture solennelle, en assemblée nationale de la 50e législature », exige le sénat.
Diverses personnalités, issues de secteurs multiples, ont lancé une pétition en faveur de l’annulation des élections des 9 août et 25 octobre 2015, en vue de trouver une solution à la crise que traverse Haïti.
Les pétitionnaires dénoncent toute tentative du pouvoir, visant à contraindre le peuple haïtien à accepter ces élections qualifiées de frauduleuses. [apr 06/01/2016 23:40]