P-au-P., 5 janv. 2016 [AlterPresse] --- Une rencontre d’urgence est prévue ce 5 janvier entre l’exécutif et le Conseil électoral provisoire (Cep) pour discuter du deuxième tour de la présidentielle, celui des législatives partielles et des collectivités territoriales dans l’impasse, apprend AlterPresse de source officielle.
La réunion est sollicitée par lettre en date du 4 janvier, du président du Cep Pierre-Louis Opont, adressée au chef de l’État Michel Martelly. La présidence y a répondu le même jour positivement.
Dans sa lettre, Opont indique que lors de la réunion plénière extraordinaire du Cep, le 4 janvier, les membres ont constaté « qu’il serait très difficile sinon impossible » de réaliser le deuxième tour le 17 janvier.
Martelly a annoncé, le 1er janvier, qu’il se préparait à convoquer les citoyennes et citoyens aux urnes afin de boucler le processus électoral et respecter l’échéance constitutionnelle du 7 février, après celle de la rentrée parlementaire, le 2e lundi de janvier.
« 12 jours de préparation ne suffiront pas à compléter l’ensemble des activités préalables à ce scrutin », écrit le président du Cep, qui évoque l’ « évidence de ne pas avoir un président élu le 7 février ».
Ce développement survient après la remise à l’exécutif, le 3 janvier, du rapport de la Commission d’évaluation électorale indépendante. Selon le document, l’analyse de 15% des procès-verbaux a permis de confirmer des « irrégularités souvent assimilées à de la fraude massive ».
Un examen approfondi de la machine électorale et le remaniement du Cep sont, entre autres, recommandées par le rapport, qui a été paraphé par 4 commissaires sur 5. Me Gédéon Jean, délégué du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) n’a pas signé le document, car selon lui, l’ampleur des irrégularités exige un recomptage des procès-verbaux.
Le travail de la commission a toutefois été bien accueilli par les Nations-Unies et le « Core Group », le groupe des ambassadeurs des principaux pays donateurs d’Haiti, de l’Union européenne et de l’Organisation des États américains.
Dans un communiqué daté de ce 5 janvier, ils demandent instamment à tous, institutions de l’Etat et acteurs politiques, de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer un transfert pacifique du pouvoir à un Président nouvellement élu le 7 Février, selon les prescrits de la Constitution ».
Même son de cloche, en substance, de la part du candidat officiel Jovenel Moise, qui salue le travail de la Commission d’évaluation électorale, suivant ce qu’il a déclaré le 4 janvier durant une rencontre avec la presse.
Mais, les partis d’opposition préfèrent le renvoi du Cep et la mise en branle d’une véritable enquête indépendante sur tout le processus électoral afin de faire la lumière sur ce qui s’est passé lors des journées de vote du 9 août et du 25 octobre 2015.
Le Groupe de 8 candidats d’opposition, dont Jude Celestin qui devrait affronter Jovenel Moise au second tour, va encore plus loin et préconise, en plus du renvoi du Cep, la mise en place d’un gouvernement provisoire chargé de prendre toutes les dispositions en vue de boucler le processus dans la transparence.
Pour leur part, des personnalités de divers milieux promeuvent un « appel citoyen » en faveur de l’annulation pure et simple des dernières élections considérées truffées de fraudes et irrécupérables. [apr 05/01/2015 04 :30]