Débat
Par Marcel Duret*
Soumis à AlterPresse le 23 décembre 2015
A.- Les Termes de référence de la commission de vérification électorale
Dans un premier temps le rôle principal de la commission sera de jeter un pont entre l’exécutif et l’opposition en vue de trouver un consensus entre les partis pour ensuite continuer le processus électoral. En effet, la commission peut faire les meilleures recommandations du monde, mais sans l’approbation des protagonistes elles seraient vaines. La démarche doit être participative.
Aussi la commission aurait pour objectifs spécifiques de :
Elaborer un document de sortie de crise ;
Négocier les propositions avec les partis concernés (Exécutif, G8, G30 et Lafanmi Lavalas ;
Se transformer éventuellement en CEP dont les termes de références auraient été négociés dans le processus ;
La commission doit nommer le plus tôt possible en son sein un président et un (e) porte parole et décider des fréquences de communication avec la presse. La transparence dans les actions de la commission est primordiale.
B.- Quelques suggestions en vue de l’élaboration du document de sortie de crise
1.- Démission du CEP inévitable
L’actuel CEP est décrié, désavoué, et ne jouit pas d’un minimum de crédibilité des partis politiques, des candidats et de la population en général. On ne peut rien bâtir sur ce CEP. L’acceptation même des recommandations de la Commission dépend essentiellement de ce premier pas.
2.- Formation du nouveau CEP
Les membres de la commission deviendraient les membres du nouveau CEP. Un minimum de confiance aurait été établi entre les membres de la commission et les différents protagonistes pour justifier cette décision. Les membres de l’opposition nommeraient les 4 autres membres du nouveau CEP.
3.- Deuxième tour avec 5 à six candidats ?
Les élections du 25 octobre 2015, même avec toute la bonne foi du monde, même avec un CEP exempt de tout reproche, étaient inévitablement vouées à l’échec et pour cause :
3.1- La multitude de candidats
L’électorat était pour le moins émietté. Comment demander à un peuple de choisir un candidat parmi 54 ? Des campagnes électorales présidentielles et autres se résumaient à une bataille d’affiches et de spots publicitaires dans les radios et télévisions ! Jamais les agences de publicités, les stations de radio, les stations de télévision n’ont gagné autant dans un temps si record ! Quel gaspillage d’argent alors que le peuple dans sa majorité croupit dans la misère la plus odieuse ? Quelle cacophonie d’idées et de palabres qui ne sont que les mêmes promesses sans aucun programme précis pour les soutenir ! A coup de 1000 gourdes etc. les candidats s’évertuaient à acheter l’âme d’un peuple pour éventuellement perpétrer l’exclusion qui a toujours caractérisé la société haïtienne depuis 1804 !
3.2- Le CEP et le gouvernement sans crédibilité
Quelques soient les résultats que le CEP aurait publiés, ils allaient provoquer des réactions très violentes de la population et les rues seront à feu et à sang sur tout le territoire.
3.3- Conclusion
Compte tenu du fait qu’au moins 5-6 partis politiques ont démontré qu’ils pouvaient compter sur l’appui d’un certain pourcentage de la population ;
Vu la nécessité pour le peuple haïtien de prendre en main ses destinées et de se libérer des diktats de la communauté internationale ;
Dans le but d’arriver à un consensus qui ferait l’unanimité à la fois dans les partis politiques et dans la population.
Il est souhaitable que le second tour devienne un concours entre 5 à 6 candidats au lieu de 2. Les candidats seraient : Jude Célestin, Dr. Maryse Narcisse, Jovenel Moise, Jean Henry Céant, Eric Jean Baptiste et Moise Jean Charles. Le gagnant peut être déterminé par majorité simple sans tenir compte du 50 plus 1. On peut aussi envisager un troisième tour entre les deux premiers. Ce troisième tour devrait encore une fois, faire fi de la date butoir du 7 février.
Le Président de la République d’Haïti Son Excellence Monsieur Joseph Michel Martelly prendrait un décret pour amender la loi électorale en conséquence. Il est à recommander que les partis politiques concernés et les dix sénateurs en fonction signent aussi ce décret.
C’est pour arriver à libérer le pays des spectres d’une crise électorale et politique sans précédent que le gouvernement et les partis politiques, dans l’intérêt du pays, choisiraient une telle option.
4.- Vérification des élections législatives du 9 aout et de 25 octobre
Le nouveau CEP fera appel à des techniciens et ou des consultants pouvant effectuer la vérification exclusive des élections législatives du 9 aout et du 25 octobre en vue de déterminer les gagnants de ces joutes. A travers le pays, des candidats et leurs fanatiques prennent les rues et contestent les résultats définitifs publiés par le CEP. Ce travail de vérification constitue une urgence en vue d’éviter un bain de sang un peu partout sur le territoire.
Le nouveau CEP fera appel aussi à une compagnie privée et ou à la Cour Supérieure des Comptes en vue d’effectuer un audit financier du CEP et du PNUD qui avait en fait la tâche de gérer les finances des élections.
La problématique des présidentielles aurait été résolue avec la décision d’avoir 5 à 6 candidats au deuxième tour sans tenir compte de ceux qui étaient impliqués ou pas dans les fraudes ou irrégularités. C’est là le compromis que la commission négocierait avec les partis/candidats qui participeront au second tour. Par contre les candidats et ou partis politiques qui sont coupables de fraudes dans les élections législatives seront pénalisés en fonction de la loi électorale.
5.- Financement/rapatriement du financement des élections
Si les recommandations susmentionnées sont acceptées par l’exécutif et les partis politiques, le Président de la République, en accord avec les membres de l’opposition, fera la déclaration que le coût des élections sera couvert par le trésor public et l’effort citoyen sollicité à cette occasion à travers des institutions pourvues de personnel qualifié pour cette tâche. Le Président et les partis de l’opposition auront relancé la conquête de la souveraineté nationale.
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* Ex Ambassadeur d’Haïti à Tokyo