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Haïti-Politique : Une commission présidentielle pour évaluer les dernières élections

Une décision illégale et inopportune, selon la plateforme Renmen Ayiti

P-au-P, 17 déc. 2015 [AlterPresse] --- Par arrêté, en date du mercredi 16 décembre 2015, le président Joseph Michel Martelly a formé une commission présidentielle, dénommée « Commission d’évaluation électorale », chargée de prendre toutes les dispositions nécessaires, en vue d’évaluer le processus électoral, apprend l’agence en ligne AlterPresse.

Cette commission devra également faire des recommandations au Conseil électoral provisoire (Cep) et au gouvernement.

Cette mesure s’inscrit dans la perspective de garantir la crédibilité du scrutin et l’aboutissement du processus, à moins de 10 jours de l’échéance de l’organisation d’un second tour de la présidentielle, prévu pour le 27 décembre 2015.

Les deux candidats à la présidence, qualifiés au second tour, Jovenel Moise placé en tête, et Jude Célestin en deuxième, pourront, s’il le désire, désigner un représentant pour assister aux travaux de la commission, selon l’arrêté présidentiel.

« Cette commission d’évaluation électorale bénéficiera d’une assistance technique, composée d’experts nationaux et internationaux (Ue) et d’observateurs de l’Organisation des Etats américains (Oea), pour l’assister dans l’accomplissement de sa mission et présentera un rapport dans un délai de trois jours à partir de la publication de cet arrêté ».

Cette commission est composée de Rosny Desroches, de Monseigneur Patrick Aris (de l’église catholique romaine), Joseph Emmanuel Charlemagne, Euvonie Georges Auguste et de Anthony Pascal (Konpè Filo).

La décision, prise par l’exécutif de former cette commission d’évaluation électorale, est illégale et inopportune, dénonce la plateforme politique Renmen Ayiti, dans un communiqué en date du 17 décembre 2015.

« La plateforme a été stupéfaite d’apprendre qu’un des membres de son conseil et porte-parole à certaines occasions, Madame Euvonie Georges Auguste, est nommée membre d’une certaine commission électorale, créée par l’administration Martelly/Paul », d’après le communiqué.

Au nom des règles d’éthique, la plateforme Renmen Ayiti dit dénoncer la désignation d’Euvonie Georges Auguste et lui demande, instamment, de renoncer à toute participation aux travaux de cette commission, contraire à la requête du G8, dont son candidat à la présidence, Jean Henry Céant, fait partie.

Joint au téléphone par AlterPresse, Volcy Assad de la plateforme politique Pitit Desalin rejette, d’un revers de main, cette commission présidentielle, parce que, selon lui, elle n’est pas indépendante.

Le Groupe des huit candidats contestataires (G8), dont fait aussi partie Jude Célestin de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh) - placé en deuxième position dans les résultats dits définitifs de la présidentielle du 25 octobre 2015 - avait renouvelé sa demande de changements profonds dans le processus électoral et de mise en place d’une commission indépendante de vérification des procès-verbaux des élections du 25 octobre 2015.

Jugeant ces résultats frauduleux, Célestin avait rejeté toute idée d’aller au second tour, annoncé pour le 27 décembre 2015, face à son rival, le candidat officiel pour le Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir, Jovenel Moïse, arrivé en tête de ces dits résultats.

La décision de mise sur pied d’une commission présidentielle vient après une correspondance en date du 16 décembre 2015 du premier ministre Evans Paul, adressée à Martelly pour lui demander de créer une commission électorale qui aura, selon un communiqué du bureau du premier ministre, pour obligation de garantir la crédibilité du processus électoral.

Cette commission électorale aura un délai de trois jours pour produire ses recommandations au Cep et au gouvernement, chacun en ce qui le concerne.

Dans un communiqué, publié suite à une correspondance du Cep en date du 16 décembre 2015, Evans Paul souligne aussi la nécessité de consolider la stabilité politique et sociale du pays par l’établissement d’institutions démocratiques aptes à relever les nombreux défis auxquels la nation fait face.

Le premier ministre rappelle que le gouvernement de la république a été investi dans ses fonctions, avec pour mission principale de créer les conditions propices à l’organisation des élections législatives, présidentielle, municipales et locales.

En conséquence, il est nécessaire de tout faire pour rassurer les acteurs impliqués dans le processus « indistinctement », afin de pouvoir organiser des élections crédibles, transparentes, participatives et inclusives dans le pays.

Le sénat de la république a aussi appelé à suspendre momentanément le processus électoral, jusqu’à ce qu’une commission indépendante de vérification et/ou d’évaluation soit mise en place, dans des lettres adressées au Conseil électoral provisoire (Cep) et au président Joseph Michel Martelly, en date du mercredi 16 décembre 2015.

Cette commission doit se prononcer sur les multiples allégations de fraudes, d’irrégularités et de corruption entourant ledit processus, réclame le Sénat (amputé de 2/3 de ses membres depuis janvier 2015), qui demande au Cep de surseoir à la proclamation des résultats des scrutins des municipales, législatives et de la présidentielle du 25 octobre 2015.

Une correspondance, adressée à Martelly à ce sujet, lui a demandé d’instruire le ministère des affaires étrangères afin de porter cette mesure à la connaissance des partenaires de la communauté internationale. [jep emb rc apr 17/12/2015 13:15]