Santo Domingo, 18 nov. 04 [AlterPresse] --- Avec leurs caméras en bandoulière, sacs au dos et sachets remplis d’objets achetés dans les « plazas » et centres commerciaux dominicains, des dizaines d’haïtiens se promènent dans les principales rues et avenues du centre historique de Santo Domingo (zone coloniale), se mélangeant à d’autres étrangers qui choisissent la République Dominicaine pour leurs vacances.
Depuis a peu près dix ans le flux de touristes haïtiens connait une augmentation significative. L’accroissement des touristes haïtiens de ce côté de l’île est tellement significatif, que beaucoup de familles profitent des longs week-ends de congé pour se rendre dans des pôles touristiques situés dans les villes de provinces du Nord, du Sud, de l’Est et du Nord’Est.
Par exemple, du 1er au 7 novembre derniers (Fêtes de la Toussaint), des centaines de touristes haïtiens ont visité la République Dominicaine. Selon les consulats dominicains en Haití, plus de 13 milles visas ont été émis en faveur des Haïtiens et Haïtiennes qui se sont rendus à Santo Domingo, Puerto Plata, Bavaro ou Samana.
« Si l’on calcule le coût du visa, les taxes d’entrée en République Dominicaine, une moyenne de dépenses par personne pour le logement, la nourriture, le transport et divers achats, les chiffrent atteignent les 3 millions de dollars », selon une source officieuse consultée par AlterPresse.
Néanmoins, il y a un grand risque pour que les Haïtiens ne continuent pas à faire de la nation voisine, leur destination touristique préférée. La qualité des services offerts ne correspondent pas aux bénéfices apportés au pays.
Les sources d’AlterPresse indiquent que « le niveau de revenu ne correspond en rien aux services offerts par la République Dominicaine, pour garantir une meilleur traitement de ces touristes ».
Selon ces mêmes sources, ceux qui utilisent la frontière de Jimani - Malpasse se plaignent des 15 postes de contrôles militaires qu’ils doivent franchir, du traitement peu aimable des employés de l’immigration et de la douane, en comparaison au traitement réservé aux touristes européens dans les aéroports du pays. A Puerto Plata ou Bavara la présence de policiers est significative, tandis que ces derniers sont quasiment absents à Jimani, ce qui est profitable aux raquetteurs.
De même, il est fait mention du harcèlement des agents de la police dominicaine qui, en voyant des véhicules avec les immatriculations haïtiennes, les détiennent et cherchent à leur soutirer de l’argent, bien qu’ils soient déjà à la capitale.
L’un des problèmes auxquels sont confrontés les Haïtiens qui veulent faire du tourisme à Santo Domingo est le coût élevé du visa et des taxes, évalués à environ 100 dollars américains par personnes, sans oublier d’autres taxes pour chaque véhicule qui traverse la frontière, selon ce qu’a confié un entrepreneur à AlterPresse.
Les touristes haitiens qui viennent en vacances en République Dominicaine utilisent les voies terrestres et aériennes (il n’existe pas d’échanges par voie maritime entre les deux pays). Ils arrivent soit en voiture privée, soit en par les autobus de trois compagnies desservant ce circuit. Ils séjournent en général dans des hôtels de plage entre Boca Chica et Juan Dolio.
Ce mouvement touristique a dynamisé la vie commerciale dominicaine. Des centres commerciaux de la capitale sont fréquemment visités par les Haïtiens, tandis que de nouveaux commerces accueillent aussi ces touristes. On note principalement de nouveaux restaurants sur le Malecon (bord de mer), qui offrent des plats haïtiens.
Les touristes haïtiens utilisent la République dominicaine comme destination toute l’année. Cependant une plus forte affluence est observée pendant certaines périodes, dont le carnaval haïtien, la semaine sainte, la noà« l, le nouvel an et les fêtes nationales haïtiennes.
Selon des agences de voyage haïtiennes, Santo Domingo pourrait se convertir en une menace pour le tourisme de Miami (Etats-Unis), où des centaines d’Haïtiens vont souvent passer leurs vacances. Cependant pour que cela se réalise, il faut atteindre le niveau de traitement qu’on offre normalement aux touristes des autres nations qui visitent le pays, car, a fait remarquer un spécialiste interrogé par AlterPresse, les touristes Haïtiens sont prêts à dépenser en République voisine, pour le plaisir de passer une fin de semaine agréable sur la plage, au rythme de la Batacha ou du Merengue.
Cette réalité est constatée au moment où des efforts ont été entrepris pour développer le tourisme local au niveau d’Haiti. [jls gp apr 18/11/2004 20:00]