P-au-P., 16 nov. 04, [AlterPresse] --- L’expert indépendant des Nations unies pour les droits humains dresse un tableau en demi-teinte de la situation des droits humains en Haïti sous le régime post-Jean Bertrand Aristide.
Parmi les points positifs à l’actif de la nouvelle administration, Louis Joinet souligne le fait que les violations les plus graves ont changé de camp. « Les rapports d’organisations non gouvernementales travaillant dans le domaine, ont démontré que les violations graves et manifestes des droits de l’homme ont changé de camp en ce sens qu’elles ne sont plus le fait du gouvernementÂ…, nous n’avons pas de trace significative de violences contre les défenseurs des droits de l’homme, contre le peuple en général commanditées ou revendiquées », souligne le magistrat français.
Les initiatives visant à professionnaliser l’Académie de police et la perspective de l’octroi d’un certain certificat médical aux femmes victimes de violences figurent au nombre des autres améliorations relevées par Louis Joinet.
L’expert international déplore en revanche les lenteurs au niveau de la réforme judiciaire. Louis Joinet rappelle à ce sujet les propos du ministre haïtien de la justice selon lesquels il y a une réforme judiciaire « qui tarde peut être un peu, mais qui devrait couper le cordon ombilical entre pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire dans la pratiqueÂ… ». « Cette déclaration montre que ce n’est pas encore dans les mœurs », a indiqué le magistrat.
Louis Joinet s’inquiète aussi du retard mis par les autorités à implémenter certaines décisions qui pourraient rendre l’appareil judiciaire plus opérationnel. L’expert cite à titre d’exemple le fait que trois juges avaient été révoqués (de leur mandat) au Cap-Haïtien depuis le mois d’avril et que ces derniers n’avaient toujours pas été remplacés.
L’expert indépendant des Nations unies vante par ailleurs l’élan de solidarité constaté dans le pays. Il a évoqué en ce sens la restauration du palais de justice du Cap-haïtien par le Barreau et la société civile du Cap. « Cela permettra le fonctionnement d’un minimum de justice dans la deuxième ville du paysÂ… », a-t-il ajouté.
En fait de recommandations, Louis Joinet préconise le respect des juges dans l’exercice de leur fonction et exhorte les autorités gouvernementales à travailler pour la séparation des trois pouvoirs de l’Etat et l’indépendance de chacun d’eux.
Louis Joinet voit dans le désarmement un facteur important dans la lutte contre la violence. « Le désarmement est la chose la plus difficile à réussir », estime-t-il.
L’expert indépendant des Nations unies pour les droits de l’homme rencontrait la presse ce 16 novembre à la représentation du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) à Port-au-Prince.
Louis Joinet clôturait sa cinquième mission en Haïti et sa première depuis l’installation des nouvelles autorités haïtiennes.
L’ancien président Jean Bertrand Aristide a démissionné et quitté Haïti le 29 février 2004 sous la pression conjuguée de puissances internationales dont les Etats unies, d’insurgés armés et de la rue (haïtienne). [fl vs apr 16/11/04 19:24]
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