Correspondance Exalus Mergenat
Gonaïves, 25 nov. 2015 [AlterPresse] --- Au moins 30 morts, une dizaine de personnes portées disparues et une quarantaine de maisons incendiées sont enregistrés dans des conflits armés à Jean Denis (Bas Artibonite) selon un bilan des autorités locales, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Du début de ce conflit à aujourd’hui, au moins 39 personnes ont été tuées par des bandits armés, qui ont aussi incendié une quarantaine de maisons dans les localités de Jean Denis », indique le vice-délégué de l’arrondissement de Dessalines, Wagner Joseph.
« Il s’agit d’un chiffre non exhaustif, puisqu’on parle aussi d’une dizaine de personnes portées disparues », poursuit-il.
La plupart des personnes sont mortes dans leurs champs agricoles, où ils ont été pris en otage par des assaillants de Barrage, aidés par certains bandits armés des localités de Jean Denis, comme Blain, Brisard et Grand Rac.
Depuis le début du mois d’août 2015, les habitants des localités Pitraille, Bain, Négriel, Brisard, Labé, Remonsain, Coutette et Acacia, situées à Jean Denis dans la 1re section communale de Petite rivière de l’Artibonite, ne cessent point de subir l’assaut de ces bandits armés.
Des tirs résonnent, jour et nuit, dans ces lieux considérés comme « des zones de non droit », rapporte André Saint-Louis, un notable de Jean Denis.
La dernière victime d’actes de banditisme à Jean Denis est un jeune haitiano-américain, âgé de 23 ans et identifié sous le nom de Joseph Estimé.
Cet homme a été pris en otage, puis décapité par un groupe de bandits armés, au moment où il se rendait à Labé, le mardi 17 novembre 2015, pour visiter ses proches.
Les bandits ont pris la fuite avec le cadavre, qui a été retrouvé, par la suite, près d’un cimetière de la localité Blain, suite à une intervention musclée effectuée par les agents de l’Unité départementale pour le maintien d’ordre (Udmo).
Pour l’instant, les localités de Jean Denis sont quasiment désertes.
Près de 70% des membres de cette population rurale ont abandonné leur zone pour se réfugier chez des proches à Saint-Marc.
Une rencontre a eu lieu, le mardi 24 novembre 2015, au local du commissariat de police de Saint-Marc, entre des autorités de l’Artibonite et des membres des organisations de la société civile, des zones concernées, autour de l’insécurité qui fait rage dans les localités de Jean Denis.
C’est la deuxième rencontre, organisée à l’initiative du vice-délégué de l’arrondissement de Dessalines, des représentants de la « SwatTeam », unité spécialisée de la Police nationale d’Haïti (Pnh), et de la police des nations unies (Unpol).
Des échanges ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les représentants des localités de Jean Denis et de Barrage sur ce climat d’insécurité.
« Les informations collectées aideront la police à adopter, avec les autorités, les meilleures stratégies qui permettront une paix durable dans les localités », déclare le directeur départemental de la police de l’Artibonite, Berson Soljour.
« Avant cette rencontre, nous étions disposés à faire une intervention d’envergure, qui nous permettrait d’arrêter et de désarmer les bandits. Maintenant, nous nous sommes inscrits dans une démarche pour la paix avec les leaders de ces localités, qui s’engagent à sensibiliser les bandits sur la nécessité de déposer les armes », fait-il savoir.
Un comité, composé de représentants des localités en conflit, a été mis sur pied pour assurer le suivi sur la question.
Une troisième rencontre est prévue, le vendredi 27 novembre 2015, au local de l’Organisme de développement de la vallée de l’Artibonite (Odva) avec les autorités, les membres du comité de suivi et des représentants des organisations de la société civile, annonce le délégué départemental de l’Artibonite, Emmanuel Alexandre présent aux échanges du mardi 24 novembre 2015. [em emb rc apr 25/11/2015 15:10]