P-au-P, 16 nov. 2015 [AlterPresse] --- Les élections du 25 octobre 2015 constituent une vaste opération de fraudes électorales planifiées, fustige une coalition d’organisations, dans un rapport d’observation rendu public et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Les efforts, consentis par les responsables du processus, n’étaient pas suffisants pour rendre les scrutins du 25 octobre 2015 conformes aux principes démocratiques, estiment la Solidarité des femmes haitiennes (Sofa), le Conseil national d’observation électorale (Cno), le Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane) et le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
L’interruption du processus de vote, la fermeture prématurée ou l’incendie de bureaux de vote, des bulletins non signés par les membres de bureau, des bulletins déchirés, des offres d’argent en échange de vote, des votes répétés de mandataires figurent parmi les différents cas de fraudes et d’actes de violences enregistrés dans divers départements, indique le rapport en date du jeudi 12 novembre 2015
Il prend aussi en compte les irrégularités observées dans différents centres de vote du pays en ce qui concerne, entre autres, la liste électorale partielle et la liste d’émargement, les matériels électoraux, les espaces des centres de vote, le placement des isoloirs, la sécurité du scrutin et l’ouverture des centres de vote et des bureaux de vote.
Le placement des centres de vote et des bureaux de vote dans des maisons privées, des boites de nuit et des gallodromes est vivement critiqué par la coalition.
Certains observateurs se sont arrangés pour influencer le vote le jour des scrutins du 25 octobre 2015, d’autres ont bénéficié de la complicité du personnel électoral au plus haut niveau pour orchestrer une vaste opération de fraude, signale-elle.
Le Conseil électoral provisoire (Cep) a fourni des cartes vierges, contenant seulement le nom des organismes concernés, laissant ainsi une porte ouverte aux fraudeurs, déplore-t-elle.
De plus, elle souligne qu’un nombre exorbitant de cartes d’accréditation a été délivré à des organismes d’observation électorale, de formations récentes, inconnues pour la plupart et sans expériences.
En dépit de la décision de mise à l’écart de plusieurs organisations d’observation, dont l’Unité nationale pour le développement appliqué (Unada), la veille du scrutin du 25 octobre 2015, pour vente de cartes d’accréditation, ces structures ont pu opérer, en toute tranquillité.
Selon les chiffres officiels, le taux de participation des électeurs au scrutin du 25 octobre 2015, est de 26.5 % alors que pour la Coalition, ce taux est de 25 %.
Si l’on tient compte de toutes les impuretés que comportait ce scrutin, notamment le nombre significatif d’électeurs virtuels, ce taux de participation sera révisé à la baisse.
Les résultats compilés de la présidentielle n’ont pas été publiés par département géographique, ce qui ne facilite pas la transparence du processus électoral, souligne la coalition.
Ce fut le même cas pour les résultats des élections législatives qui n’ont pas fait l’objet d’une communication officielle du Cep, condamne-t-elle, rappelant que ces résultats ont tout simplement été postés sur le site de l’organe électoral dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 novembre 2015.
Des recommandations
Face à cette situation préoccupante et alarmante, la Coalition recommande de publier les noms des institutions d’observation électorale ayant bénéficié d’une subvention de l’Etat haïtien.
Elle demande de vérifier les informations relatives à tous les électeurs, ayant voté en dehors de la liste d’émargement, et de conduire un audit du processus électoral, en vue de faire la lumière sur les multiples révélations faites par des acteurs politiques.
Elle appelle à appliquer, avec la plus grande rigueur, les sanctions prévues par le décret électoral et par la législation haïtienne contre tous les candidats, partisans, partis politiques et personnel électoral impliqués dans les opérations de fraude.
A l’appel de divers partis politiques dont la plateforme Pitit Dessalin, Fanmi Lavalas et la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), des manifestations se sont tenues durant la semaine dernière à Port-au-Prince et dans plusieurs villes du pays, dans l’objectif de contester la présidentielle du 25 octobre 2015.
Diverses organisations politiques entendent poursuivre, ce lundi 16 novembre 2015, la mobilisation anti-gouvernementale. [nj emb gp apr 16/11/2015 12:10]