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Mandat international contre Jean Bertrand Aristide : les organisations haïtiennes de droits humains sceptiques

P-au-P., 13 nov. 04 [AlterPresse]--- « Une déclaration pour épater la galerie ». C’est ainsi que le Comité des avocats pour le respect des libertés réagit à l’annonce du lancement prochain d’un mandat d’arrêt international contre l’ancien président Jean Bertrand Aristide.

Le dirigeant du CARLI Renan Hédouville justifie ses réserves par diverses promesses non tenues par le gouvernement de Gérard Latortue concernant notamment la lutte contre l’impunité, l’insécurité et les violations de droits humains.

Le directeur exécutif de la coalition nationale pour le respect des droits des Haïtiens (NCHR) Pierre Espérance affiche le même scepticisme, estimant que le gouvernement n’a pas encore fait montre d’une réelle détermination à combattre l’impunité.

Pour le dirigeant du Centre oecuménique haïtien Jean Claude Bajeux, le gouvernement intérimaire aurait dû se pencher sur cette affaire dès son entrée en fonction. Huit mois, c’est beaucoup, s’exclame ce martyr de la dictature des Duvalier.

Tout en voulant prendre au sérieux l’annonce du Premier ministre haïtien, Jean Claude Bajeux ne peut s’empêcher de se remémorer les nombreuses affaires sans suite jalonnant l’histoire d’Haïti, comme l’atteste un célèbre ouvrage haïtien « Quand la nation demande des comptes ».

Avant Jean Bertrand Aristide, le plus récent dictateur haïtien à être poursuivi sans succès pour détournement de fonds est Jean Claude Duvalier.

Ce 11 novembre, le Premier ministre Gérard Latortue a affirmé avoir passé des instructions formelles au ministre de la justice Bernard Gousse pour qu’un mandat international soit lancé contre Jean Bertrand Aristide « le plus rapidement possible ».

Gérard Latortue a fait cette annonce à la faveur de l’installation d’une commission d’enquête administrative sur d’éventuels détournements de fonds du régime de Jean Bertrand Aristide pendant la période allant de 2001 à 2004. Cette commission est présidée par l’ancien sénateur Paul Denis de l’Organisation du peuple en lutte (OPL), le parti de feu le professeur Gérard Pierre Charles. (vs apr 13/11/04 17 : 37)