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Haïti-Elections : Ouverture des séances techniques de contestations sur fond de mobilisation politique

P-au-P, 11 nov. 2015 [AlterPresse] --- Alors que la séance d’audition des cas de contestation a débuté le mardi 10 novembre 2015, huit candidats à la présidence projettent de continuer la mobilisation afin de contraindre le Conseil électoral provisoire (Cep) à mettre sur pied une commission indépendante pour statuer sur les élections du 25 octobre 2015, apprend AlterPresse.

Vilaire Cluny Duroseau du parti Mouvman pou endepandans kiltirèl sosyal, ekonomik ak politik an Ayiti (Meksepa) et Maryse Narcisse de Fanmi Lavalas sont les deux seuls candidats à la présidence à contester formellement les résultats de l’élection présidentielle en Haïti au Bureau du contentieux électoral départemental (Bced).

Les verdicts seront connus sous peu, selon le Cep, alors que d’autres candidats à la présidentielle du 25 octobre 2015, ayant obtenu le plus de votes, n’ont fait aucune contestation officielle au Bced.

Entre-temps, plusieurs mouvements de rues sont annoncés, à partir de ce mercredi 11 novembre 2015, par des candidats à la présidence, pour contester les résultats préliminaires de la présidentielle du 25 octobre.

Les deux candidats, arrivant en tête de ces résultats controversés, sont Jovenel Moise du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir, avec 511,992 votes, soit 32.81% des électrices et électeurs, et Jude Célestin de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh) avec 394,390, soit 25.27%.

La contestation de Fanmi Lavalas est basée sur les fraudes généralisées et sur plusieurs points importants, comme le nombre de mandataires qui ont voté beaucoup plus que les gens figurant sur la liste d’émargement, indique Me Gervais Charles, l’avocat du parti politique Fanmi Lavalas à l’audition du mardi 10 novembre 2015.

Fanmi Lavalas exige qu’il y ait une vérification au niveau du Centre de tabulation des votes (Ctv).

Seul le Bureau du contentieux électoral national (Bcen) peut satisfaire une telle demande, indique Me Gervais Charles, qui recommande au Bced de transférer le dossier au Bcen pour les suites nécessaires.

Maryse Narcisse ne fait pas partie des 8 candidats à la présidence, contestataires des élections pour des raisons politiques, explique-t-il, affirmant que, parmi ces candidats, il se pourrait bien que l’un d’entre eux voudrait se rendre au second tour.

Le groupe des huit candidats à la présidence avait écrit au Conseil électoral provisoire pour l’encourager à mettre sur pied une commission indépendante, composée de représentants de certains secteurs crédibles du pays, pour vérifier les votes et travailler dans l’intérêt de la poursuite du processus électoral.

Cette vérification aurait permis d’expulser, du processus électoral, les candidats fraudeurs, identifiés lors des élections du 25 octobre 2015, selon eux.

« La plateforme Pitit Desalin est toujours attachée à une telle initiative. C’est pour cette raison qu’elle a contesté. Elle était certaine que le Bced et le Bcen allaient dire qu’ils n’ont pas la compétence pour traiter le dossier », déclare le candidat à la présidence Jean-Charles Moïse.

Le pouvoir en place a le contrôle du Bced et du Bcen, signale-t-il.

« Du vendredi 13 au mercredi 18 novembre 2015, la plateforme Pitit Desalin ainsi que plusieurs acteurs vont agir sur le terrain politique pour contraindre le pouvoir électoral à respecter les propositions formulées », annonce Moise, profitant pour dénoncer les actes de persécutions politiques, orchestrés à l’encontre des membres de sa plateforme.

Il condamne l’assassinat de Maxo Gaspard, le responsable logistique de la plateforme, froidement abattu, dit-il, quelques minutes après la publication des résultats préliminaires de la présidentielle, le jeudi 5 novembre 2015.

Une véritable chasse à l’homme se fait contre les membres de Pitit Desalin, indique-t-il.

« A cette phase des débats, il n’y a pas de salut individuel. C’est ensemble qu’il faut mener le combat, c’est ensemble qu’il faut choisir le combat qui doit être mené », suggère, pour sa part, Me Michel André, l’un des membres de l’espace de résistance patriotique.

« Les candidats, qui n’ont pas choisi de produire de contestation, auprès du Bureau du contentieux électoral départemental (Bced), savent que cela ne leur aurait servi à rien », anticipe-t-il.

« L’espace de résistance patriotique réclame un gouvernement de transition pour organiser des élections démocratiques au sein du pays dans un délai raisonnable », réitère Michel André, se disant prêt à travailler avec d’autres acteurs du pays, pour qu’il y ait une alternative viable à cette crise post-électorale. [jep emb rc apr 11/11/2015 09:45]