P-au-P, 06 nov. 2015 [AlterPresse] --- Plusieurs secteurs de la vie nationale expriment leur scepticisme face aux résultats préliminaires de la présidentielle du 25 octobre 2015, publiés le jeudi 5 novembre, alors que d’autres lancent un appel au calme pour éviter le pire, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Dans une interview accordée à la station en ligne AlterRadio, Rosny Desroches, membre du comité de pilotage de l’Observatoire citoyen pour l’institutionnalisation de la démocratie (Ocid), invite toutes les candidates et tous les candidats, qui s’estiment lésés, à utiliser tous les moyens permis par la loi électorale pour faire valoir leurs droits et défendre leurs intérêts.
Puisque tous les candidats avaient leurs mandataires dans les bureaux de vote, lors des élections du 25 octobre, ils peuvent réunir suffisamment de preuves et de données, tirées des procès-verbaux, pour faire valoir leurs contestations, estime Desroches.
Les candidats doivent défendre leurs droits par le moyen des contestations, non par la violence et des manifestations troublant la paix et l’ordre publics, précise-t-il.
Les deux candidats, arrivant en tête des résultats de la présidentielle du 25 octobre 2015, sont Jovenel Moise du Parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir, avec 511,992 votes, soit 32.81% des électrices et électeurs, et Jude Célestin de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh) avec 394,390, soit 25.27%.
Jovenel Moïse et Jude Célestin devraient prendre part à un second tour, prévu le 27 décembre prochain, au cas où les scores des résultats préliminaires du 5 novembre 2015 sont confirmés après la période de contestations.
Les résultats préliminaires de la présidentielle ont été rendus public dans l’après-midi du jeudi 5 novembre 2015 par le Conseil électoral provisoire (Cep), dans un point de presse.
Scepticisme
« Nous n’avons fait aucun relevé formel du nombre de voix exprimées. Nous ne pouvions dégager aucune tendance », souligne Rosny Desroches de l’Ocid, par rapport à ces résultats préliminaires.
Toutefois, l’Ocid a observé des personnes ayant voté plusieurs fois sans être en mesure d’évaluer l’impact de ces irrégularités sur les résultats préliminaires, rapporte-t-il pour expliquer l’absence d’assurance sur les chiffres publiés dans les résultats préliminaires.
« Pour le premier tour de la présidentielle, nous n’avons pas insisté sur des données quantitatives. Nous espérons le faire au deuxième tour, parce qu’au premier tour, avec 54 candidats à la présidence, c’était difficile. Le taux d’erreur pourrait être énorme ».
Toutefois, la quantité d’incidents relevés lors des élections législatives, municipales et la présidentielle du 25 octobre aurait été très faible par rapport au scrutin législatif du 9 août 2015.
Marie Yolène Gilles du Réseau national de défense de droits humains (Rnddh) dit prendre acte de la publication des résultats préliminaires de la présidentielle du 25 octobre 2015.
Le Conseil électoral provisoire (Cep) doit donner le taux de participation de l’électorat aux élections du 25 octobre, exige le Rnddh, soulignant combien capital reste cet indicateur pour évaluer les résultats effectifs des scrutins.
« Il reste beaucoup d’analyses à faire », considère le Rnddh.
Le taux de participation de l’électorat a été estimé à 32.5%, calculé en fonction du nombre total de votes valides et non valides sur le nombre d’électrices et d’électeurs, indiquait l’Ocid.
Ce taux était estimé à 25%, selon le Rnddh, qui a dénoncé des cas de bourrages d’urnes, de manière systématique, dans certains bureaux de vote.
Des signes avant-coureurs de résultats de la présidentielle en faveur du candidat officiel
Des indices laissaient croire que les résultats allaient être en faveur de Jovenel Moise, en raison de la mobilisation entreprise par le président de la république, Joseph Michel Martelly, reconnaît Wilson Jabouin, professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh).
Les contestations exprimées ont montré qu’il y avait effectivement des fraudes dans les élections du 25 octobre, relève Jabouin, anticipant la possibilité de différents scénarios, suite à la publication des résultats préliminaires de la présidentielle du 25 octobre 2015.
Privilégier le consensus face à l’impasse
« Après avoir écouté les déclarations de Jean-Charles Moïse, nous pouvons tomber dans une turbulence extraordinaire, avec des manifestations violentes pouvant perturber les activités scolaires et économiques », augure le professeur Jabouin.
La classe politique doit trouver un compromis pour sortir le pays de cette impasse, face au scénario, non souhaitable, de manifestations violentes, qui pourraient provoquer la destruction de beaucoup de biens, souhaite le professeur d’université.
« Au-delà des intérêts personnels et de groupes, il y a quelque chose d’essentiel : c’est de privilégier Haïti et ses intérêts, en vue d’aboutir à un compromis politique réel », prône Wilson Jabouin, proposant un gouvernement de coalition pour sortir de cette crise et aller vers la normalisation des élections. [emb rc apr 06/11/2015 12:00]