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Une quinzaine de titres haïtiens au salon du livre de Montréal

La maison d’édition Mémoire d’encrier a annoncé ce 11 novembre ses parutions automne 2004 d’ouvrages haïtiens qui seront présentées au Salon du livre de Montréal du 18 au 22 novembre 2004.

14 publications ont été dévoilées dans un communiqué, dont voici la teneur :

Jeunesse (Collection contes et légendes)

1. Mimi Barthélemy, L’histoire d’Haïti racontée aux enfants, Illustration : Elodie Barthélemy, traduction créole : Maximilien Laroche, ISBN : 2-923153-20-0

Mimi Barthélemy fait découvrir aux enfants du monde entier l’histoire d’Haïti. L’histoire d’Haïti racontée aux enfants est l’histoire de la petite Mimi, adolescente, qui raconte son pays. Passionnée, elle invite les enfants à survoler quelques grands moments de l’histoire. Entrecoupé de fragments de chansons du terroir, ce livre est une invitation au voyage. Les dessins de la plasticienne Elodie Barthélémy, qui illustrent l’ouvrage, soulignent les points les plus importants de l’histoire tragique de ce pays beau et magique.

Roman

2. Jacques Roumain, Gouverneurs de la rosée (réédition), ISBN : 2-923153-21-9
(La réédition de l’un des meilleurs romans du XXe siècle.)

L’important travail de Jacques Roumain déconstruit au grand jour les ressorts les plus implacables de la tyrannie et nous livre une leçon de vie, osons le mot, un exemple de combat pour élever la part d’humanité en nous. (Emile Ollivier)

Il y a heureusement un assez grand nombre de livres dont on peut conseiller : lisez-les. Il y en a très peu dont on aie envie de dire : il faut que vous les lisiez. Si vous mourez sans les avoir lus, vous avez manqué quelque chose d’important. Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain est de ceux-ci. (André Still, L’humanité, Paris)

Récits

3. Stanley Péan, Taximan, propos et anecdotes recueillis depuis la banquette arrière,
ISBN : 2-923153-18-9

Rien de plus banal qu’une course en taxi. Une conversation spontanéeÂ… Un regard de biais. Histoire de passer le temps, de faire la route et de mesurer ce qui se dit. Il est des vies qui se construisent à partir de ces anecdotes recueillies sur la banquette arrière de ces véhicules. Stanley Péan en sait long et nous en parle, avec humour et émotion.

En dessous de ces récits brefs et incisifs, qui invitent à découvrir un autre visage de l’espace urbain montréalais, il y a des voix qui émergent, celles des taximen, véritables maîtres des rues et de la ville. Véritables maîtres de la parole aussi.

4. Stanley Péan et Rodney Saint-Eloi, Nul n’est une île, Collectif Solidarité-Haïti, ISBN : 2-923153-31-6

Textes de Marie-Célie Agnant, Théo Ananissoh, Georges Anglade, Hédi Bouraoui, Edwidge Danticat, Ananda Devi, David Homel, Yasmina Khadra, Gary Klang, Alain Mabanckou, Monchoachi, Tierno Monémembo, Jean Morisset, Stanley Péan, Jean-Luc Raharimanana, Rodney Saint-Eloi, Sami Tchak, avec des photographies de Conrad Duroseau.

Ayibobo ! C’est donc qu’il existe une autre Haïti que celle des désastres naturels ou politiques, une autre Haïti que celle des urgences humanitaires et des luttes fratricides. L’Haïti de mère-courage du quotidien, courage qui pousse des mères de Cité-Soleil, l’un des plus insalubres bidonvilles au monde, à revêtir leurs enfants d’uniformes immaculés et empesés pour les envoyer à l’école. Cette île de rêve que les artistes ont peinte de couleurs vives et chaudes, qu’ils ont peuplés d’animaux merveilleux tout droit issus d’une Afrique lointaine. Cette terre dont les poètes ont chanté les beautés, Ayiti cheri, pi bon peyi passe ou nan pwen, non, il n’existe pas de plus beau pays. L’amère-patrie dont Jacques Roumain rêvait de gouverner la rosée, dont Jacques Stephen Alexis, fils des Gonaïves, tenait à ce qu’on célèbrât tous les compères général-soleil, dont Marie Chauvet pointait nos amours, colères et folies, et dont Emile Ollivier cherchait les rythmes de passage.

C’est de cette Haïti-là qu’il sera question dans ce collectif.

Anthologie secrète (Poésie)

5. Carl Brouard, Anthologie secrète, ISBN : 2-923153-19-7

Je l’ai vu pour la première fois du côté de la place Saint-Alexandre, en allant à la messe avec ma mère. Recroquevillé sur des morceaux de carton, les fesses à l’air. Quand nous sommes arrivés à sa hauteur, ma mère, sans lui jeter un seul regard, me siffla : « C’est un poète ». Voulait-elle me mettre en garde contre un danger que je n’arrivais pas à comprendre ? C’était raté. Fasciné, je retournai souvent le voir, le trouvant toujours en train de marmonner de mystérieuses imprécations. Plus tard, au secondaire, je le découvris, sous un autre jour, dans mon manuel de littérature haïtienne : veste, cravate, regard vif et sourire mondain de fils de la grande bourgeoisie. Il avait décidé de quitter sa riche demeure des beaux quartiers pour venir vivre, parmi le peuple, dans la boue de la place Saint-Alexandre. Sa poésie si légère m’a tout de suite plu. Contrairement à ses contemporains, si pesants avec leurs rêves chimériques de changer le sort du peuple, Carl Brouard (1902-1965) ne parlait que pour lui-même. Et c’est pour cela qu’il m’a été si facile de me retrouver en lui. (Dany Laferrière, La Presse, Montréal, novembre 2003)

Essai

6. Jacques Roumain, Sur les superstitions, Essai, ISBN : 2-923153-30-8

Des articles de l’éminent érivain Jacques Roumain publiés dans les journaux et rassemblés pour montrer le combat de cet homme qui luttait contre toutes les formes d’impostureÂ… dont la superstition en Haïti.

Poésie

7. Raymond Chassagne, Carnet de bord, ISBN : 2-923153-24-3

Le recueil de Raymond Chassagne, Carnet de bord, est une plongée dans l’histoire contemporaine d’Haïti. Egalement l’histoire secrète de l’homme, tragique et maussade, de ses quêtes, de ses exils, de ses manques et de ses solitudes. Le défi est grand, et la question du poète, fondamentale : Qui tiendra la barre jusqu’à la bonne saison ? La poésie de Chassagne - comme celle des grands chantres de la Caraïbe - est un combat pour le surgissement de l’île, dans ses passions et démesures.

8. Frantz Benjamin, Dits d’errance, ISBN : 2-923153-06-5

Je frémis à l’idée d’éveiller en vous, lecteurs, le doute sur mes capacités de profanateur de la poésie. De grâce, ne tirez pas les rideaux sur cette prose qui cherche à s’abreuver à la source de la poésie.

Je cherche toujours le sens-à -venir de la parole au creux du poème, cette parole-mémoire qui prend forme dans les élans du rêve. J’ai choisi de célébrer la vie, d’en faire un festin à travers la poésie.

Et, si parfois le poème emprunte des accents mélancoliques, c’est simplement pour rappeler son attachement à la vie. à€ mes yeux, toute poésie est combat. Et c’est dans la force des mots que s’enracine ce combat. En ce sens, la poésie est une lutte. C’est également une voie, cette voie qui mène à autre chose, autre lieu, autre temps. Et quelquefois, autre genre.

9. Khireddine Mourad, Chant à l’Indien, ISBN : 2-923153-26-X

Si le poème reste imprévisible dans sa composition, il l’est rarement, quant à sa thématique. Du moins, c’est là ce que je peux dire de mon expérience. Le Chant à l’Indien, mais aussi les autres textes - Le chant d’Adapa, Pollen - sont le fruit d’un travail de plusieurs années. Il y a eu, certes, le premier jet, à ne pas confondre avec le poème de l’instant, celui qui naît d’une émotion soudaine, d’une vision d’horreur, d’un choc esthétique inattendu. Ce poème tente de saisir le tumulte de l’instant pour en offrir une composition cohérente ou incohérente, peu importe, chargée de l’intériorité en mouvement ou en réaction. Passé l’instant, le poète attendra une nouvelle rencontre, l’insolite qui va de nouveau éveiller le désir d’écrire, de méditer, de rêver.

10. Rodney Saint-Eloi, J’ai un arbre dans ma pirogue, ISBN : 2-923153-23-5

(Â…) Ecrire la vie et la ville qui percent sous les brumes du soir ; se rappeler que tout serait un chant si on le voulait, si les mots et les phrases avaient la conviction d’un quelconque bonheur.

Et pourquoi cet arbre qui habite mon corps, m’écrit et me convoque là -bas quand je suis ici, dans la tourmente des formes et des couleurs ?

Pourquoi ce poème ? Sinon pour dire l’absence qui engage la présence, le vide et l’angoisse d’une terre qui désapprend à être terre.

Départ et non absence. Le pays est encore le seul paysage discernable et renaissant. Vivre-entrebaillé-ici-ailleurs. Vivre l’enfance, le soleil nu ! L’île, ses rêves, ses dérêves, ses fantasmes et ses dérives. L’île, le trop bleu de ses mers au miroir de ses ciels.

Au bout, il y a une pirogueÂ… là -dedans des mots, comme un arbre qui voyage seul dans la forêt, un conte contrarié par un fusil.
Et si tout n’était qu’un grand arbre quelque part, debout dans la constance de la terre !

11. Jean-Elie Belleroche, Langay-Langage (traduction française : Joubert Satyre)
ISBN : 2-923153-25-1
L’édition bilingue, qui reflète la réalité de notre pays, est à la fois originale et utile puisqu’elle vise à atteindre le plus large public. L’inspiration est variée, et le style révèle, dans les deux langues, une certaine maîtrise poétique. Ce point de départ nécessaire n’obscurcit pas pour autant le point d’arrivée. Le but suprême de la poésie est de changer la vie. (Paul Laraque)

12. Joubert Satyre, Coup de poing au soleil, ISBN : 2-923153-27-8

Lire Coup de poing au soleil, c’est rentrer dans une relation de symbiose avec les mots en les regardant doucement, attentivement, comme on regarde un diamant, ou un nouveau-né, pour mieux voir leur fond, pour mieux entendre leur silence. On rentre dans le monde du poète non pas pour l’observer, mais pour l’explorer, non pas pour le comprendre, mais pour le saisir. Pourtant, la pleine vue est si proche, la compréhension est si accessible, soyeuse est la route bleue sur l’épiderme des eaux.

13. Willems Edouard, Plaies intermédiaires, ISBN : 2-923153-28-6

(Â…) l’on se rend bien compte que Willems a fait du temps un allié et en a profité pour entreprendre la construction d’un langage en toute rigueur de ton, cohérent dans l’ordonnancement thématique, loin du tape à l’œil narcissique. L’harmonie de ce projet poétique qui engage tout l’être suggère l’urgence d’outils disponibles de qualité : une langue maîtrisée, une vision du monde innovée pour la mise au jour symbolique d’une vraie œuvre des mots, d’une écriture dédiée à l’invention, sans concession à la facilité. Autant d’atouts dans le gousset du poète. (Claude C. Pierre)

14. Roger Dorsinville, Pour célébrer la terre suivi de Poétique de l’exil, annoté et établi par Max Dorsinville, ISBN : 2-923153-29-4

(Â…) Roger Dorsinville, poète de la modernité, illustre à merveille la théorie chère à Eliot de la « corrélation objective » (l’action, la scène, l’objet qui remplace l’émotion tout en l’assumant), tandis qu’appropriant l’Afrique il se situe dans le mutisme de la figuration plastique du masque et de la sculpture.

(Dans poétique de l’exil), L’image du « quadrillé » qui encadre le quartier principal de Dakar, le Plateau, et que le narrateur se propose de « déchiffrer » d’entrée de jeu à l’aide de l’écriture dans un cahier scolaire « quadrillé », représente l’univers carcéral de l’exil qui, en définitive, au bout du parcours du narrateur-promeneur, sera transcendé par l’écriture : « On a, en passant, dédié ces jeux, ce pain, à tous les enfants des ruelles sombres du quadrillé ». (Max Dorsinville)

(Mémoire d’Encrier)