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Haiti : CLES et Oxfam tirent la sonnette d’alarme sur la pauvreté rurale, l’insécurité alimentaire et la malnutrition

Communiqué du Collectif de Lutte Contre l’Exclusion Sociale et Oxfam

Transmis à AlterPresse le 16 octobre 2015

La journée mondiale de l’alimentation est célébrée cette année sous le thème « Protection Sociale et Agriculture : briser le cercle de la pauvreté rurale ». En cette occasion, le Collectif de Lutte contre l’Exclusion Sociale (CLES) et l’organisation internationale OXFAM ont tiré la sonnette d’alarme sur la pauvreté rurale, l’insécurité alimentaire et la malnutrition qui menacent la santé, l’éducation des enfants et les revenus des ménages les plus pauvres du département du Nord-est. Cette journée de réflexion s’inscrit dans le cadre des activités élargies du projet « Amélioration des Conditions Nutritionnelles et Sanitaires et de l’Encadrement des Femmes et des Enfants dans le Département du Nord-est ». Financé par l’Union Européenne dont l’objectif est de renforcer la gouvernance institutionnelle de la Direction Sanitaire du Nord-est et promouvoir l’éducation communautaire à la nutrition pour réduire la prévalence de la malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes et allaitantes.

Cette réduction de la malnutrition exige en corollaire un développement accéléré et soutenu de l’agriculture dans ce département qui fait face, depuis des années, à une situation récurrente de sécheresse sous l’effet du changement climatique, entrainant une succession de chocs dont les effets sont immédiats sur l’économie, la disponibilité alimentaire et la santé nutritionnelle des ménages les plus pauvres. « L’absence de protection sociale pour atténuer les risques a poussé certaines familles rurales pauvres du département à adopter des stratégies non soutenables, menaçant même leurs moyens d’existence » a martelé Albert Pierre Paul Joseph, le Directeur de CLES. « Le manque d’accès aux services sociaux de base (eau potable, assainissement, hygiène, soins de santé adéquats,…) perpétue les inégalités ville/campagne et affaiblit la résilience sanitaire et nutritionnelle des ménages ruraux à surmonter les contraintes liées à la production alimentaire et à la valorisation des exploitations agricoles » indique Monsieur Joseph.

A travers ce projet, Oxfam et CLES soutiennent les mécanismes institutionnels et communautaires afin de provoquer des changements structurants et durables dans les habitudes alimentaires de la population. Grace à une fructueuse collaboration avec les autorités locales et leaders communautaires, CLES et Oxfam ont pu améliorer la surveillance nutritionnelle à travers un processus de dépistage institutionnel et communautaire de 8500 femmes enceintes et allaitantes, 19 800 enfants de 0 à 10 ans dont 1500 sont en situation de malnutrition aiguë sévère. Les enfants et femmes enceintes et allaitantes présentant des complications ont été référés et suivis pour leur stabilisation nutritionnelle.

L’engagement et l’appropriation de la communauté y compris les écoles, les professeurs, les élèves, les parents, le secteur religieux, les autorités locales, les leaders de la zone, les hougans et mambos ont été remarquables. Le projet a priorisé la formation et l’éducation communautaire à la nutrition comme vecteurs de changement, à travers une série de thèmes porteurs (nutrition, allaitement maternel exclusif, hygiène de l’eau, hygiène alimentaire, planning familial,…) permettant de sensibiliser la population sur les bonnes pratiques alimentaires et nutritionnelles respectueuses de la santé. Des pratiques de démonstrations culinaires sont vulgarisées auprès des clubs des mères et pères pour améliorer le dispositif nutritionnel des ménages. De plus, le projet a contribué au développement d’un radio feuilleton qui utilise l’approche divertissement-éducation. Le feuilleton s’adresse aux divers sujets comme la nutrition, la violence faite aux femmes, l’hygiène et le leadership des femmes à travers cette méthodologie pour faire passer des messages de sensibilisation par une histoire avec des personnages avec lesquelles les populations pourraient identifier.

« Beaucoup d’efforts restent donc à faire pour briser le cercle de la pauvreté et réduire la prévalence de la malnutrition dans le département. Ceux-ci impliquent en corollaire des politiques multisectorielles efficaces, des mesures de protection sociale adéquates et des mécanismes de responsabilisation institutionnelle et communautaire soutenus pour enfin stimuler l’économie locale, avec des effets de rétroaction positive sur la production agricole, la nutrition, l’emploi rural et la réduction de la pauvreté » conclut Monsieur Joseph.