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Haïti-Justice : Des filles et femmes victimes de violences sexuelles, ironisées lors des interrogatoires, dénonce le Rnddh

P-au-P, 15 oct. 2015 [AlterPresse] --- Des filles et femmes, victimes de violences et d’agressions sexuelles, sont ironisées et provoquées, lors des interrogatoires dans le système judiciaire haïtien, condamne le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.

La manière, dont on procède, pour réaliser les interrogatoires, ne prend pas en compte la fragilité psychique et psychologique de la victime, critique l’assistante responsable de programme au Rnddh, Marie Yolène Gilles.

Les responsables concernés utilisent des propos frustrants et froissants, en interrogeant les victimes, rapporte-t-elle.

Les juges doivent assumer leurs responsabilités et, surtout, éviter d’ironiser les victimes, puisque cette manière d’agir peut occasionner une sorte de repli sur soi chez elles.

Des propos déplacés, venant de la part des juges, peuvent porter les victimes à ne plus se présenter dans les tribunaux, affirme Marie Yolène Gilles, soulignant l’effort surhumain, accompli par les victimes pour assumer l’acte subi et pour, ensuite, porter plainte.

Il n’y a pas d’autres solutions, pour faire face à ce problème, que le respect de la loi, qui prévoit les façons et les conditions, dans lesquelles doivent avoir lieu les interrogatoires, avance la militante de défense des droits humains, appelant les juges à tenir compte de ce que préconise la loi.

Des séances régulières de formation sont organisées, pour le personnel du système judiciaire, en général, et pour les juges de paix, en particulier, signale la représentante du secteur des droits humains au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), Me. Dilia Lemaire

Ces séances ont, non seulement, pour objectif de former les responsables, en ce qui attrait à leur comportement et leur langage envers les victimes, mais aussi de sensibiliser le maximum possible de gens sur ce sujet, fait savoir Lemaire.

Les victimes de violences et d’agressions sexuelles ont l’habitude de se laisser décourager, avant même d’aboutir à un résultat concret, vu le temps que prennent les procédures, note Me. Lemaire.

Il faudrait des études beaucoup plus avancées, pour pouvoir affirmer qu’il y a beaucoup plus de cas enregistrés de violences, estime Me. Dilia Lemaire, ne voulant pas se prononcer, de manière catégorique, sur le nombre de cas de violences sexuelles, subies par les femmes en Haïti.

Il n’y a pas de sanctions prévues pour les juges, qui interrogent maladroitement les victimes avec des tons moqueurs ou ironiques, puisqu’ il n’y a pas de témoins présents lors des interrogatoires, à part la victime, son avocat (dans certains cas) et le responsable en question, explique-t-elle.

Seulement la victime ou encore son avocat pourrait porter plainte ou dénoncer cette maladresse, de la part de celui qui interroge la victime, fait-elle remarquer.

« Notre société est une société violente : les maillons les plus faibles sont beaucoup plus susceptibles d’être victimes. À nous de prendre notre responsabilité en main, de sensibiliser la population pour être à même de faire face à cette situation », constate Lemaire.

Les actes de violences sexuelles, sur des filles et femmes, sont courants, notamment dans plusieurs camps de fortune, établis dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

En mars 2015, trois religieuses (catholiques romaines) auraient été violées dans la chaîne des Cahos (Artibonite/Nord). [nj emb rc apr 15/10/2015 15:20]