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Haïti-Elections : Que sous-tendent les discours des protagonistes ?

P-au-P, 9 oct. 2015 [AlterPresse] --- Différents vocables employés par des protagonistes dans le cadre du processus électoral controversé en cours ont été passés au peigne fin, lors d’une conférence-débats, déroulée le jeudi 8 octobre 2015, et à laquelle a assisté à l’agence en ligne AlterPresse.

« Elections, médias et passions politiques » : tel est le thème de cette conférence réalisée par l’équipe du Collectif des universitaires citoyens (Cuci) dont la coordination est assurée par le professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), Hérold Toussaint.

Le discours véhiculé dans les médias est partagé en vocabulaires favorables et vocabulaires défavorables par rapport au processus électoral, relève Ricarson Dorcé, étudiant membre du Cuci.

Coup d’État électoral, mascarade électorale, sélection, partialité, affrontement, mobilisation, ingérence de la communauté internationale, démagogie, impunité électorale, démission et échec du processus sont parmi les termes employés par ceux et celles qui sont contre le processus électoral, indique-t-il.

Les secteurs qui utilisent des termes défavorables à l’élection sont ceux dont les résultats n’ont pas été en leur faveur, précise-t-il.

Un vocabulaire mélioratif concernant le déroulement des élections est, par contre, utilisé par des entités de la communauté internationale, des candidats dont les résultats étaient en leur faveur, les membres du Conseil électoral provisoire (Cep) et une partie de la société civile, relève-t-il.

La poursuite du processus électoral, la justification de la méthode électorale, un bilan satisfaisant, une expérience positive sont les éléments de discours véhiculés, entre autres, par ces gens, constate-t-il.

Les discours des acteurs politiques, des membres de la communauté internationale, des acteurs de la société civile à travers des titres d’articles de journaux ont été analysés par Mozart Lombard, un autre étudiant-membre du Collectif.

L’évaluation de près de deux cent titres de journaux aurait permis de révéler que la majorité des titres sont défavorables aux membres du Cep et aux membres de la communauté internationale alors que certains sont favorables à l’opposition et aux membres de la société civile, signale-t-il.

La notion d’intérêt permettrait de comprendre la crise électorale qui affecte le pays actuellement, avance-t-il.

Est-ce que la communauté internationale aurait un quelconque intérêt dans l’annulation des élections du 9 août, tandis qu’elle est la principale source de financement de ces élections ?, s’interroge-t-il.

Est-ce que le Cep et le pouvoir exécutif voudraient que les législatives soient annulées alors qu’ils savent que cet acte pourrait les discréditer encore plus face à la population ?, continue-t-il.

Il est évident que les candidats pour qui les résultats ne sont pas fameux, seront toujours pour l’annulation de ces élections, fait-il remarquer.

« Quel est l’intérêt du pays face à tous ces intérêts mesquins et morcelés ? », devrait-on se questionner, selon Lombard qui demande à tous ces petits groupes de mettre leurs intérêts personnels de côté et de privilégier ceux du pays.

Les élections ne peuvent pas se réaliser sans les médias parce qu’il existe un lien étroit entre élections et médias, affirme Hérold Toussaint qui appelle les acteurs à privilégier l’amour de soi, l’amour des autres, l’amour du territoire et du bien commun.

Les élections se tiennent dans un contexte où les électeurs ne connaissent pas les rôles d’un parlementaire et d’un maire, regrette le professeur déplorant une absence d’éducation civique des citoyens et citoyennes.

Des organisations de défense des droits humains, des partis politiques et divers autres secteurs de la vie nationale ont dénoncé les élections législatives du dimanche 9 août 2015, émaillées de diverses fraudes, d’irrégularités et de violences. [nj emb gp apr 09/10/2015 10 : 00]