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Haïti-Justice : Un système dysfonctionnel et corrompu, dénoncent des institutions

P-au-P, 8 octobre 2015 [AlterPresse] --- Le dysfonctionnement du système judiciaire gangrené par la corruption constitue une entrave à la bonne marche de la société haïtienne, déplore le coordonnateur national de l’observation électorale à Justice et Paix (Jilap), Rovelson Apollon, lors d’une interview téléphonique accordée à AlterPresse.

Le système judiciaire est confronté à de multiples problèmes notamment d’ordre administratif et politique, qui empêcheraient aux dossiers d’avancer, critique Apollon soulignant combien la justice haïtienne est sous administrée.

Le système judiciaire est non seulement sous l’emprise du pouvoir exécutif mais aussi du législatif, condamne-t-il.

Comment comprendre que près de 60% des juges sont à la fin de leurs mandats et que ces mandats ne sont jamais renouvelés ?, s’interroge-t-il, tout en fustigeant le laxisme du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) à ce sujet.

Apollon appelle à l’indépendance du pouvoir judiciaire par rapport à l’exécutif et au législatif pour que les juges qui prennent des décisions dans un dossier n’aient pas à s’inquiéter d’être révoqués.

À l’occasion de la réouverture des tribunaux, le 5 octobre 2015, le nouveau bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Stanley Gaston, a fait un diagnostic critique sur le fonctionnement du système judiciaire haitien.

La justice, dont le rôle consiste à procurer à la population la sécurité juridique, est vivement décriée par les organisations et divers secteurs ayant côtoyé le système judiciaire, rapporte-t-il.

La corruption désagrège l’appareil judiciaire, indique-t-il.

La corruption qui est partout et multiforme ne se limite pas à des pots de vins, elle englobe aussi le favoritisme et le trafic d’influence, précise le nouveau bâtonnier.

Très prononcée dans le secteur immobilier, la corruption affecterait aussi tout investissement incluant l’acquisition de propriétés immobilières, avance-t-il.

Constatant qu’aucune disposition n’est prise pour trouver des solutions aux problèmes fonciers, il évoque une aggravation de cette situation avec des hauts fonctionnaires qui usent de leurs pouvoirs pour régler des conflits terriens en faisant appel à des juges d’instructions.

En dépit d’initiatives diverses comme la mise en place du Cspj en juillet 2012, pouvons-nous parler d’un changement réel dans le système judiciaire ?, questionne-t-il.

Il faut de la cohérence, de la fermeté pour avoir des résultats et pour que les principes juridiques et les droits des justiciables ne continuent pas à être galvaudés et bafoués, estime Stanley Gaston. Il exige des sanctions contre des magistrats en contravention avec la loi, en vue de garantir la sécurité juridique.

Me Stanley Gaston, a été officiellement installé dans ses fonctions, en présence du ministre de la justice et de la sécurité publique Pierre Richard Casimir, dans le cadre de la cérémonie de lancement de la nouvelle année judiciaire 2015-2016, le lundi 5 octobre 2015, à la cour de cassation.

Il remplace à ce poste l’ancien bâtonnier, Me Carlos Hercule, qui a eu deux mandats consécutifs. [nj emb gp apr 08/10/2015 14 : 00]