P-au-P, 7 octobre 2015 [AlterPresse] --- Les déclarations à Port-au-Prince le 6 octobre du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, renforcent la position du Conseil électoral provisoire (Cep) en faveur de la poursuite du processus électoral controversé, dont le premier tour des législatives, le 9 aout dernier, est sérieusement mis en question.
« C’est votre devoir comme citoyen de participer aux élections, nous voulons que les élections d’octobre et les autres tours se passent bien, car nous voudrions vous voir franchir un prochain seuil important : la transition vers une économie florissante et un système démocratique que vos citoyens méritent et dont ils ont besoin », déclare le secrétaire d’État américain.
« la violence et l’intimidation n’ont pas leur place dans le processus électoral et je sais que le peuple haïtien mérite bien davantage que cela », ajoute-t-il lors d’une rencontre avec la presse, aux côtés du chef de l’État Michel Martelly.
« C’est une position qui vient appuyer les efforts que le Cep accomplit pour organiser de bonnes élections dans le pays », applaudit le trésorier de l’institution électorale, Ricardo Augustin, contacté par AlterPresse.
Depuis la démission de Me Néhémie Joseph du Conseil électoral provisoire (Cep) pour manque de confort, le 30 septembre dernier, plusieurs organisations ont exprimé leur inquiétude en ce qui a trait à la réalisation effective d’élections honnêtes, crédibles et démocratiques dans le pays.
La visite à Port-au-Prince du secrétaire d’Etat américain John Kerry aura-t-elle un impact pouvant apaiser les inquiétudes de certains partis qui appellent à la formation d’un nouveau Cep et d’un gouvernement de transition ?
Les responsables de l’Espace de résistance patriotique ont salué la démission de Néhémie Joseph et estiment que ce dernier a répondu à l’appel lancé par les protestataires qui réclamaient la démission des membres du Cep et l’annulation des élections législatives controversées du 9 août 2015.
Haïti a besoin d’institutions légitimes et représentatives et ceci ne peut se faire sans avoir des élections libres, honnêtes, sans violence et sans intimidation, affirme John Kerry.
L’avenir d’Haïti ne sera pas défini par l’aide externe bien que ce soit nécessaire pour le moment. L’avenir d’Haïti dépend de l’unité de son peuple et de votre capacité à développer des institutions démocratiques fortes, ajoute Kerry.
« Naturellement, nous savons tous que la démocratie exige bien d’avantage que des élections, cependant les élections sont le point de départ inévitable », martèle-t-il.
« Les armoiries d’Haïti disent l’union fait la force et dans les 19 jours qui suivent ceci va être testé et vous avez la possibilité de faire que ceci soit possible », espère le secrétaire d’Etat américain, qui a profité pour appeler à l’unité les différentes forces vives du pays.
John Kerry insiste sur la volonté des Etats-Unis et de la communauté internationale d’aider le Cep à avoir « un processus beaucoup plus paisible et beaucoup plus facile » que ce qui s’est produit le 9 août 2015.
« Je loue le ferme soutien des Etats-Unis à la poursuite du processus électoral qui doit s’achever d’ici la fin de cette année. Les 2 gouvernements s’attachent mutuellement et continuellement au respect de l’échéance du 25 octobre et à la nécessité que le pouvoir présidentiel soit transféré d’élu à élu à la date que requiert la constitution », déclare le président Martelly.
« L’exercice démocratique du 9 août était loin d’être parfait, il a mis en exergue des faiblesses à la fois conjoncturelle et structurelle de notre système politique », reconnait le chef de l’Etat, tout en affirmant la volonté du gouvernement de tout mettre en œuvre pour la bonne réussite du processus.
Ces élections législatives, émaillées de diverses fraudes, d’irrégularités et de violences, sont dénoncées par des organisations de défense des droits humains, des partis politiques et divers autres secteurs de la vie nationale. [bd emb gp apr 7/10/2015 12 :10]