Par Fleurival Ladenson
P-au-P., 09 nov. 04. [AlterPresse] --- Les auteurs de « 24 poèmes pour Gonaïves » ont procédé le 4 novembre dernier à la vente-signature du livret dédié à la population de Gonaïves, victime des eaux en furie qui ont emporté plusieurs milliers de vies durant le passage de la tempête Jeanne au Nord d’Haiti.
« Cet opuscule se veut le témoignage de solidarité d’une vingtaine de poètes haïtiens avec la ville des Gonaïves frappée par le malheur » peut on lire dans la présentation du recueil. La poésie ici est assimilée à l’acte du poéte pour que les hommes et les femmes sortent de l’accoutumance à la survie pour réellement vivre dans des conditions décentes.
L’auteure Emmelie Prophète qui s’est confiée à AlterPresse a pris ses distances d’avec ceux qui font croire que les poètes sont insensibles aux malheurs des autres, et qu’ils sont toujours dans les nuages.
L’idée de composer des textes en solidarité avec les Gonaïves est venue d’un collectif de créateurs dont les écrivains Georges Castera et Lyonel Trouillot, sur la demande de l’actuelle ministre de la culture et de la communication, Magalie Comeau Dennis.
Les poèmes sont en Créole et en Français. Dans son texte consacré à sa ville natale, Ady a mis en relief la bravoure et l’importance historique de Gonaïves. « Brave le nordé pour que tu renaisses / Pour d’autres combats, et d’autres victoires. / Gonaïves ! pa bliye ou se poto-mitan. »
« Gonaïves way O ! » exprime le sentiment de deuil et de douleur de Georges Castera. « Lapli tonbe san rete Â…, / Dlo neye tout mo kreyòlÂ…, / Dlo fouye moun jous anndan kè. / Mwen ayisyen, kèm grenn »
« M-pa gen okenn anvi paleÂ…, / M-pa gen pyès anvi pale / Ak dlo ki donnen devan pòtay kayÂ… », poursuit le poète Castera.
Pour sa part, Syto Cavé constate amèrement les dégats de la coupe effrénée des arbres : « Mòn yo an vivi-dan-griyenÂ…, / Siklòn pi pre pase lopital, / E maladi n pa pre fini ».
Cavé s’indigne devant l’humiliation que vient de subir le berceau de la liberté : « Sa k’ta di yon fanm kou Jà n ta fout ou sou bouda ? / Jà n nèk souke jipon l, epi l’ fese w atè, / Li fè ou bwè dlo nan nenÂ…, / Sa k’ta di yon fanm kou Jà n ta betize avè w konsa ?
Dans son poème intitulé « lavalas kou siprann », Frankétienne s’adresse aux forces supérieures de la nature pour implorer leur bonne grâce en faveur des Gonaïves : « O letèniteÂ…, / Ba nou kouray ! / Ban ou la vi ! / O letènite simenplante koupereplante fleriboujonenÂ…, / Nou kenbe souf. / Nou kenbe fyèl. / O senlèsen salitasyon gwosengwolwa1 / Ba nou kouwòn pou nou ka viv san degoutans / Ba nou fòsfyèl pou nou ka viv san defayans kè grenn kè plen san repiyans anvirechte anvimouri ».
Ketly Mars ne trouve pas de mot pour exprimer ses sentiments à l’égard des Gonaïves, après son malheur. « Kijan pou m siye figi ou k’ap dòmi anba labou ?Â… / Gonayiv èske se vre la vi ou fini ? / San mwen tresayi jouk nan tres cheve m’Â…/Â… Chè de poul gaye jouk nan pwent tete m’Â… »
24 Poèmes pour Gonaïves est l’œuvre de 24 poètes haïtiens. La brochure qui coûte 100 gourdes (moins de US $ 3,00) est éditée par les presses nationales d’Haïti. Les fonds recueillis de la vente du recueil seront destinés à des centres culturels des Gonaïves. [lf gp apr 09/11/2004 09:00]