Correspondance Exalus Mergenat
Gonaïves, 22 sept. 2015 [AlterPresse] --- Depuis quelque jours, des conflits armés entre des groupes rivaux sont à la base de plusieurs cas de décès et de personnes portées disparues dans le Bas-Artibonite, selon les témoignages recueillis par AlterPresse.
Le jeudi 17 septembre 2015, trois personnes sont mortes lors d’affrontements au Bas-Artibonite.
5 autres personnes portées disparues, près d’une vingtaine de maisons incendiées ainsi que des têtes de bétail emportés à Jean Denis par des bandits armés venant d’une localité dénommée Barrage : tel est le bilan dressé, suite à un conflit armé qui règne pendant plusieurs semaines entre deux groupes rivaux dans le Bas-Artibonite.
Les 5 autres personnes seraient, jusqu’à présent (22 septembre 2015), portées disparues dans ce conflit armé, opposant des individus armés de deux zones du Bas-Artibonite, à savoir Barrage et Jean Denis.
Depuis 22 jours, des bandits armés de Barrage, localité de Ogé, 3e section communale de Marchand Dessalines, terrorisent, tuent et pillent les habitants de Jean Denis, 1re section communale de Petite Rivière de l’Artibonite.
Diverses localités de Jean Denis, comme Acacia, Pitrailles et Labé, sont affectées dans ces violences.
Ces actes de violences auraient commencé après la prise en otage de l’ancien député de Dessalines, Garcia Delva (candidat à sa succession), par un groupe d’individus basés à Jean Denis.
Ces individus auraient contraint l’ex-député à s’acquitter d’une somme due à l’un d’entre eux, pour avoir réparé le pneu d’un engin qui effectuait le nettoyage dans un canal d’irrigation de la zone, dans le cadre de sa campagne électorale, peu avant le scrutin législatif du 9 août 2015.
Mécontents de cet acte, des bandits armés de Barrage, supporteurs de l’ancien député, auraient débarqué à Jean Denis pour attaquer les agresseurs de Garcia Delva, qui seraient des évadés de prison depuis un certain temps dans cette section communale, explique à AlterPresse un habitant de la Petite Rivière de l’Artibonite.
Les affrontements, entre les bandits armés des deux zones en conflit, ont fait au moins 3 morts qui ont été transportés à la morgue publique de l’Hôpital Saint-Nicolas de Saint-Marc, confirme le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Saint-Marc Dieunel Lumérant.
La situation est alarmante.
Les habitants des différentes localités de Jean Denis, qui ne peuvent pas résister à l’assaut des bandits armés de Barrage, ont fui leurs maisons pour se réfugier à Saint-Marc ou dans d’autres zones du Bas Artibonite, selon divers témoignages.
Les malfrats ont profité de leur absence pour piller et incendier les maisons, et récolter le riz des agricultrices et agriculteurs de la zone, fait savoir le directeur départemental de la police de l’Artibonite, Berson Soljour, qui affirme avoir déployé des patrouilles policières à Jean Denis afin de calmer la situation.
« Bien avant l’aggravation de la situation, j’ai envoyé des patrouilles policières qui ont essuyé des jets de pierres d’habitants de Jean Denis, hostiles à la présence de la police. Ils nous accusent de venir arrêter des bandits, qui défendent la zone contre ceux de Barrage », souligne-t-il.
A l’initiative du délégué départemental de l’Artibonite, Emmanuel Alexandre, qui se dit préoccupé par ce climat d’insécurité dans la zone, une rencontre a eu lieu, le lundi 21 septembre 2015, entre le directeur départemental de la police, le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Saint-Marc, le juge de paix de la Petite Rivière de l’Artibonite, les responsables des commissariats et les membres du Conseil d’administration des sections communales (Casec) des zones concernées.
Cette réunion, déroulée au commissariat de police à Saint-Marc, a été l’occasion pour les autorités de s’enquérir sur les causes réelles de ce conflit et, du coup, de réfléchir sur les mesures à prendre pour mettre les bandits hors d’état de nuire et faciliter le retour de plusieurs habitants à Jean Denis. [em emb rc apr 22/09/2015 15:40]