P-au-P, 17 sept. 2015 [AlterPresse] --- La Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa) exprime sa préoccupation face au mode de fonctionnement patriarcal dans le processus électoral en cours, dans un communiqué de presse, en date du 14 septembre 2015, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Le Conseil électoral provisoire (Cep) a ruiné tous les efforts consentis par les organisations de femmes pour assurer au moins 30% de femmes au parlement, déplore la Sofa.
Seulement 23 femmes ont finalement réussi à s’inscrire sur 232 postulants au sénat et 129 femmes sur 1,621 candidats à la députation, en dépit de la mobilisation menée par diverses organisations, fustige-t-elle.
Ces chiffres frustrants résultent, évidemment, du statut socioculturel des femmes, du mode de fonctionnement patriarcal des partis politiques et des problèmes liés à l’éducation.
Le système électoral censitaire, préconisé par le décret électoral, faisant obligation d’une forte somme d’argent pour se faire inscrire comme candidat, et la liste des pièces exigées aux candidates, ne participent-ils pas d’une stratégie d’exclusion d’une catégorie de citoyennes et de citoyens au processus électoral ?, s’interroge-t-elle.
L’autonomie financière a toujours été une entrave à la participation des femmes aux élections, constate Sofa, soulignant l’absence de campagne d’éducation civique pour inciter les femmes à se porter candidates aux élections.
Il est temps de mettre fin à l’impunité électorale dans le pays, pour que les femmes et leurs intérêts puissent trouver leur place dans les institutions publiques.
Par ailleurs, la Sofa s’interroge sur les résultats préliminaires, enregistrés au scrutin législatif du 9 août 2015, qui accusent une participation d’environ 18% de l’électorat.
De tels résultats risquent d’occasionner une diminution de la présence des femmes à la 50e législature.
Il y a un défi de taille à relever, notamment l’amendement de la Constitution de 1987 qui favorisera l’application du quota d’au moins 30% de femmes dans les institutions, avance Sofa, craignant que le pays soit confronté à un parlement majoritairement composé de dealers de drogue, de kidnappeurs et de voleurs.
À ce moment crucial, où tout le personnel politique doit être renouvelé, la Sofa déplore le laxisme et l’incompétence qui caractérise le mode de gestion des affaires de l’État par le Cep.
Elle critique les conseillères et conseillers du Cep, qui font la sourde oreille aux différentes contestations et revendications concernant une évaluation du scrutin du 9 août 2015.
L’institution électorale a renouvelé sa détermination à prendre des mesures correctives à ce scrutin, entaché de violences, de fraudes et d’irrégularités.
Le scrutin législatif du 9 août 2015 confirme l’échec de la communauté internationale, qui s’évertue à s’ingérer ouvertement dans les élections, estime la Sofa, affirmant combien il est temps pour les forces démocratiques et progressistes du pays de dire halte à toutes ses démagogies.
Entre-temps, l’Organisation des Nations unies (Onu) et les membres du Core Group soulignent l’importance de mener à terme le processus électoral de 2015, dans un communiqué. [nj emb rc apr 17/09/2015 16:00]