P-au-P, 16 sept. 2015 [AlterPresse] --- Un défenseur de la culture et de la religion, un haïtien authentique et un colossal patriarche : tels ont été les qualificatifs, attribués à François Max Gesner Beauvoir, le chef suprême du vodou, lors d’un hommage national, ce mercredi 16 septembre 2015, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Lors de la cérémonie d’hommage, réalisée au Kiosque Occide Jeanty, au Champ de Mars (principale place publique de la capitale), en présence du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Evans Paul, l’Ati national Max Gesner Beauvoir a été élevé au rang d’officier, à travers un grade posthume que lui a décerné le gouvernement par le biais du premier ministre.
Étaient également présents, à cette cérémonie, des officiels du gouvernement, dont des ministres, des représentants du secteur vodou, dont des houngan, de Religion pour la paix (dont faisait partie le vodou) et des membres de l’Académie du Créole haïtien (dont Max Beauvoir était membre).
Parmi les participantes et participants, majoritairement vêtus de blanc, il y avait des femmes portant des mouchoirs blancs à la tête.
Un chant instrumental de la fanfare nationale, suivi d’une prière-vodou, a débuté la cérémonie du mercredi 16 septembre 2015.
« François Max Gesner Beauvoir était un grand personnage, une bibliothèque ambulante, l’un des rares génies qu’a connu Haïti », affirme Monseigneur Pierre André Dumas (église catholique romaine), membre de Religion pour la paix.
Mgr. Dumas rappelle combien l’Ati national a su lutter et résister, avec sagesse, pour le renforcement institutionnel du secteur vodou.
Chacun à sa place dans la société haïtienne. Aucun vodouisant, ni autre personnage, ne doit être persécuté, peu importe l’endroit où il se trouve, déclare Dumas, tentant de dégager la philosophie du chef suprême du vodou en Haïti.
« Un peuple, qui ne sait pas d’où il vient, ne peut pas savoir là où il veut aller », souligne l’un des représentants de l’Académie du créole en Haïti, le pasteur Pauris Jean-Baptiste, citant Max Beauvoir.
« L’un des outils, qui peut nous permettre de retourner à cette origine, à notre identité, est le Créole. », ajoute-t-il, signalant combien la bataille pour l’émancipation de la langue dépasse une lutte, centrée seulement autour de l’amour pour la langue.
Cette bataille ... permet d’affirmer et de confirmer notre dignité en tant qu’Haïtien, avance Pauris Jean-Baptiste.
Beauvoir était le chef de la famille, un homme progressiste et de principe, exprime Maloue Beauvoir, la nièce du défunt, lors de son intervention.
« II n’y a rien que nous ne puissions pas faire, il suffisait de travailler de manière à atteindre le but visé », dit-elle, relatant les propos de Max Beauvoir.
Le message de l’Ati national demeurera vivant pour toujours.
C’était « un message de respect, de tolérance et d’unité », estime le premier ministre haïtien, Evans Paul, en la circonstance.
L’Etat doit travailler avec toutes les religions, en respectant les limites respectives de chacune, encourage Evans Paul, malgré les pratiques de Te Deum (avec l’église catholique romaine, au lieu de cérémonies oecuméniques) et d’observance de fêtes (catholiques romaines) sans cesse suivies par les gouvernements qui se sont succédé en Haïti.
Le modèle laïc de l’Etat n’est pas encore appliqué, dans les moeurs, par les gouvernants, contrairement aux prescrits de la Constitution.
Ingénieur chimiste de profession et auteur de plusieurs ouvrages sur la pratique du vodou et la médecine traditionnelle, l’Ati nasyonal était une référence incontournable en matière de médecine traditionnelle, grâce à sa profonde connaissance de la propriété des feuilles du terroir.
François Max Gesner Beauvoir est décédé le 12 septembre 2015 à Port-au-Prince, à l’âge de 79 ans (25 août 1936 - 12 septembre 2015), des suites d’un cancer. [nj emb rc apr 16/09/2016 15:20]