Commission Episcopale Nationale Justice et Paix
Déclaration à l’occasion du 21 mai 2002 - Traduction a partir du document orginal en Creole
Aujourd’hui fait deux ans depuis les élections du 21 mai 2000. La grande majorité du peuple croyait poser un acte important afin de résoudre la crise dans laquelle se trouvait le pays depuis le mois d’avril 1997. Mais ce que nous entendons et voyons, nous fait croire de plus en plus, nous membres de Justice et Paix, que nos politiciens sont de mauvaise foi. Ils semblent agir sans aucune considération pour le pays.
BILAN DE DEUX ANNEES
Depuis les élections présidentielles le pays, est toujours en train de faire marche en arrière. Le peuple est fatigué par cette crise sans fin. La production nationale s’est détériorée et le pays dépend complètement des importations d’ailleurs. La cherté de la vie en finit avec le peuple. Chaque jour, des citoyens meurent dans des tentatives pour rejoindre un autre pays par la mer.
Dans plusieurs zones du pays, on se livre à des affrontements violents et il y a des morts. Depuis avant 1994, les quartiers populaires sont charges d’armes à feu. Mais, au lieu de désarmement, des politiciens et d’autres personnes mal intentionnées fournissent des armes à feu aux populations. Mêmes des enfants mineurs et jeunes se promènent avec leur arme à la main.
Les politiciens nous trompent et mêlent de la politique dans tout. Au lieu de se livrer à un petit examen de conscience personnel, ils accusent les autres, comme pour dire qu’eux ont raison et l’autre a tort.
Cette lutte intestine entre politiciens est la cause de la souffrance de la majorité de la population. Les innocents payent pour les coupables. Le peuple en sort divisé davantage. La population se sent sans aucun accompagnement.
Deux ans après les élections, le seul problème n’est plus la question du respect des droits civils et politiques. Le peuple ne peut plus vivre. C’est l’ensemble des droits socio-économiques et culturels qui sont foulés aux pieds, et il n’y pas d’espoir que cela s’améliore.
NOS INTERROGATIONS
Pourquoi nos politiciens haïtiens considèrent-ils le pays comme un gâteau à partager avec leurs propres partisans ? Est-ce que la crise ne leur apporte pas des avantages ?
Nous n’arrivons pas à comprendre le rôle de la communauté internationale qui se dit " amis d’Haïti ". Ils sont les amis de qui ? Est-ce qu’ils sont les amis du peuple exténué à cause de l’aide qu’on lui refuse et des structures de l’Etat qui finissent par s’effriter ? Est-ce qu’ils sont les amis d’un peuple livré aux ONGs qui font de la charité ? Est-ce que tout cela ne se fait pas pour décourager le peuple par rapport à des élections, afin de faciliter la pénétration de certains projets étrangers ? Quel est le projet politique et économique que la communauté internationale est en train de défendre dans cette crise ?
QUEL ESPOIR ?
Nous, membres de Justice et Paix, refusons de perdre l’espoir, nous disons : Oui, les Haïtiens doivent se parler et dialoguer entre eux. Ce pays est le nôtre. La crise est un problème que nous devons résoudre. Les secteurs qui veulent le bien pour ce pays doivent prendre des engagements pour débloquer le pays.
Est-ce que nous n’avons pas le droit de demander à nos politiciens d’être vrai avec eux-mêmes, et de reconnaître une part de vérité chez l’autre également ?
Est-ce nous n’avons pas le droit de demander à nos politiciens et à la communauté internationale également de ne pas se servir de la misère du peuple pour régler des intérêts cachés ? Il ne suffit plus de défendre les droits civils et politiques, et de tolérer qu’on viole les droits socio-économiques et culturels d’un peuple. Nous ne pouvons prétendre de défendre la dignité d’un peuple et tolérer en même temps qu’on le réduise à la mendicité et à la servitude.
Est-ce que, comme on dit, les Haïtiens sont seulement capables de s’unir quand il s’agit de combattre un même ennemi ? Alors, pourquoi ne pas déclarer ensemble la guerre à ces ennemis que sont : le chômage, la misère, la corruption, l’absence de justice, le manque de transparence et de participation ?
N’est-ce pas le moment de nommer clairement les vrais problèmes du pays, qui sont : la grande distance entre riches et pauvres, l’absence de justice pour les pauvres, le manque de participation populaire dans ce qui le concerne, la dépendance du pays ?
Il est temps de s’arrêter à avilir notre pays aux yeux de tout le monde. Il est grandement temps de s’occuper des vrais besoins du peuple. Il est temps de voir plus loin que les intérêts d’un parti politique ou d’un groupe particulier. Il est temps pour prendre ses responsabilités devant l’histoire. Les besoins sont grands et ils demandent des solutions urgentes. Notre peuple a le droit de vivre en dignité à la veille de 2004, 200 années après son indépendance.
Port-au-Prince, 20 mai 2002
Pour le Comité Directeur National,
Père Jean Hanssens, directeur
Pour Justice et Paix de l’archidiocèse de Port-au-Prince
Jean-Edy Guillaumette, secrétaire exécutif.