P-au-P, 24 août 2015 [AlterPresse] --- Le Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (Garr) dénonce l’assassinat, à l’arme blanche, dans la nuit du 19 août 2015 à Hatillo Palma (une ville dans la province de Monte Cristi / Nord-Ouest de la République Dominicaine), d’un ressortissant haïtien, dénommé Willin Yrak, et la disparition de deux autres personnes, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Cette situation aurait pour cause occasionnelle le viol commis à l’encontre d’une Dominicaine de 42 ans, le mardi 18 août 2015, par des individus non identifiés à Hatillo Palma, selon les données recueillies par un partenaire du Garr.
Parallèlement, quelques Dominicains de cette ville ont pris en représailles la communauté migrante haïtienne, dont plusieurs ont été molestés à coups de bâtons et d’autres pourchassés.
« Une pension, où vivaient des ressortissants haïtiens, a été incendiée le même jour (19 août 2015). Des résidences de migrant (e)s haïtiens ont été aussi détruites, selon la même source ».
Par peur d’être victimes de violence et de représailles de Dominicains, bon nombre de migrants haïtiens ont quitté la zone d’Hatillo Palma « pour regagner d’autres villes dominicaines ou pour retourner dans leur pays d’origine en passant par des villes frontalières »
Six (6) personnes, soupçonnées d’implication dans le meurtre de Willin Yrak, auraient été arrêtées par la police dominicaine, qui a ouvert une enquête sur ce qui s’est passé les 18 et 19 août 2015 à Hatillo Palma.
Les 7 et 14 août 2015, deux jeunes Haïtiens, Johanne Paul et Titi ainsi connu ont été respectivement tués à Pedernales et Elias Piña à l’arme blanche.
Des actes de persécutions, à l’encontre des migrant(e)s haïtiens en République Dominicaine, commencent toujours par des incidents, similaires à ceux enregistrés les 18 et 19 août 2015 à Hatillo Palma, signale le Garr.
De 2005 à 2013, ces violences criminelles, perpétrées à l’encontre des migrants haïtiens en territoire dominicain, ont été soutenues par des « ténors » du courant ultranationaliste installés dans différentes zones du territoire dominicain, qui incitent des groupes de la population à la violence et à l’affrontement, selon le constat fait par différents sociologues, dont des Dominicains.
Le professeur Guy Alexandre, de regrettée mémoire (août 1945 – 28 février 2014), le fin connaisseur des relations haïtiano-dominicaines, avait l’habitude de qualifier ces agissements de « syndrome d’Hatillo Palma », souligne le Garr.
« En mai 2005, le cadavre d’une Dominicaine de 32 ans avait été retrouvé au Nord de la République Dominicaine, dans la zone d’Hatillo Palma. Son mari et ses deux enfants avaient été aussi retrouvés avec de graves blessures. Sans faire d’enquête, des Dominicains ont attribué ces actes criminels aux ressortissant(e)s haïtiens. D’où le début de la chasse aux migrant (e)s haïtiens, qui s’est répandue dans d’autres zones du pays, notamment à San Pedro de Macoris (Est), à Haina et Neyba (Sud) ».
Ces crimes « odieux », répétés à l’encontre des migrant(e)s haïtiens en territoire voisin, « ne doivent pas rester impunis », estime le Garr, qui « appelle les autorités dominicaines à travailler pour le respect du droit des ressortissants haïtiens vivant sur leur territoire, en vue de l’établissement d’un climat pacifique et harmonieux entre les Etats voisins ». [jep rc apr 24/08/2015 12:20]