Santo Domingo, 2 nov. 04 [AlterPresse] --- Les rapports entre Haiti et la République dominicaine ainsi que le traitement par les médias haitiens et dominicains de la question migratoire dans le contexte de la globalisation sont au centre d’un séminaire-atelier organisé les 1er et 2 novembre à Santo Domingo par le Service Jesuite aux Réfugiés (SJR) avec l’appui du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR).
Plus d’une cinquantaine de personnes, dont une délégation de 12 journalistes et intellectuels haïtiens prennent part à cette rencontre autour du thème « Médias, Globalisation et Processus migratoires », qui a été inaugurée en présence de la Sous-secrétaire d’à‰tat aux relations Extérieures, Rosario Graciano.
Une des interventions les plus importantes durant la première journée a été celle du professeur dominicain Jose Serulle, prochain ambassadeur de la République Dominicaine en Haïti. Il a relevé le poids des puissances « impérialistes » et des classes dominantes dans les rapports bilatéraux, qu’il faut « démocratiser ».
Serulle a souligné l’absence de législation traitant des relations haitiano-dominicaines et prôné la mise en place de « véritables législations globales propos des rapports haitiano-dominicains ».
Le contexte des relations entre les deux pays constitue la trame du traitement fait par les médias haïtiens de la question migratoire, a estimé le professeur Hancy Pierre, de la Faculté des Sciences Humaines. En ce sens, Pierre a souligné, la domination dans les médias haïtiens actuellement de la thématique de l’intégration de marché et du libre échange.
Le journaliste et spécialiste en communication dominicain, Fausto Rosario, a dénoncé « l’hypocrisie » dans les politiques de communication en Républicaine, en ce qui concerne la question migratoire. Selon Rosario, ces politiques renforcent l’idée selon laquelle la migration haïtienne constitue une menace pour la République Dominicaine, quand, en réalité, les entrepreneurs dominicains en bénéficient.
Les réalités haitiano-dominicaines sont vues à travers des « clichés », tandis que globalisation « met en pièces » l’identité des deux peuples qui se partagent l’île, a soutenu pour sa part le professeur haïtien Ary Regis de la Faculté des Sciences Humaines. Dans ce processus, a-t-il poursuivi, les médias jouent « un grand rôle ».
Cependant, selon Ary Régis, les médias et Technologies de la Communication et de l’Information constituent « une chance » pour l’épanouissement de l’identité dans le cadre d’une « autre » globalisation.
Les organisateurs ont exprimé à AlterPresse leur satisfaction de la qualité des échanges.
Le Directeur du SJR, le prêtre dominicain Jose Nunez, espère que cette initiative pourra porter les médias « à voir les migrants autrement » et à faire valoir les droits de ces derniers. L’élément principal, dans le processus de communication, doit être l’humain et non le capital, a-il dit. Il faut « humaniser les rapports entre Haïti et la République Dominicaine », a-t-il ajouté.
La Coordonnatrice du GARR, Colette Lespinasse, a souligné que les médias représentent un acteur clé dans tout processus de transformation des rapports entre Haïti et la République Dominicaine, dans la mesure ou ils peuvent contribuer à « un changement des mentalités ». Pour Lespinasse, « la migration n’est pas un problème, mais un phénomène qui fait partie de la vie des êtres humains ». [gp apr 02/11/2004 01:00]