Par Ronald Colbert
P-au-P, 09 août 2015 [AlterPresse] --- Au moment où la plupart des centres de vote viennent d’être fermés pour le décompte des voix exprimées, de multiples interrogations se posent sur l’avenir du processus, observe l’agence en ligne AlterPresse.
D’abord, en dépit de la « satisfaction » des autorités électorales, une participation apparemment faible, durant la journée du dimanche 9 août 2015, risque d’entacher la crédibilité des futurs « élus ».
Ces derniers semblent voués à bénéficier du climat de violence, qui, après avoir dominé la campagne électorale, a marqué le scrutin de dimanche en divers points du territoire national.
Le déchaînement de violence, avec notamment le sac voire l’incendie de plusieurs centres de vote, à l’échelle du territoire national, a impacté sur le déplacement « réfléchi » des potentiels votants, qui refusent de cautionner des « mascarades électorales », à l’instar de celles déjà concoctées pour Haïti.
Fallait-il en arriver là avec une valse de millions de dollars américains, injectés dans le processus électoral, qu’on souhaitait transparent, honnête et crédible ?
Les résultats attendus anticipaient un taux de participation de 15% de votantes et votants. Or, des suspicions planent sur un niveau d’abstention sensible.
Les électrices et électeurs ont été surpris par une flambée, sans précédent, de nouveaux partis politiques, dont un grand nombre a été créé à l’ombre de l’administration politique de 2011.
Parallèlement, une kyrielle de candidates et candidats se sont fait connaître seulement en 2015, sans attester d’aucune expérience porteuse dans le passé dans la vie quotidienne en Haïti.
Au lieu d’encourager la participation populaire, cette stratégie de « diviser pour régner » s’est aliéné une bonne partie de l’électorat, contraint à choisir parmi des prétendantes et prétendants « peu crédibles ».
Galvanisés par les résultats préfabriqués de 2010 et de 2011, beaucoup de ces candidates et candidats cherchent à investir le champ politique pour diverses raisons inavouées.
Les uns, les plus arrogants, entendent trouver refuge au parlement pour continuer à jouir de l’impunité d’actes, perpétrés durant ces dernières années. Leur objectif serait surtout de se servir des « privilèges de pouvoir » pour imposer des vues claniques.
Les autres, qui n’ont aucune expérience de gestion publique, espèrent trouver de nouveaux horizons politiques pour se positionner sur le terrain, sans véritablement avoir mis au point de plan collectif. L’idée est d’essayer d’asseoir un modèle politique totalement anachronique mais ouvert sur des intérêts étrangers, sans aucune articulation avec des aspirations nationales.
Entre 1990 et 2015, trois présidents (Jean-Bertrand Aristide, René Garcia Préval et Joseph Michel Martelly) ont profité de leur présence à la tête du pays pour lancer de nouvelles structures politiques (partis politiques Fanmi lavalas, Lespwa converti en Inite, puis transformé en Verite, Parti haïtien tèt kale / Phtk).
A quelle constructions institutionnelles ont obéi ces structures ainsi que celles orchestrées au début de l’année 2015 ?
En plus, ne faudrait-il pas parler de « paravents » utilisés par des sangsues politiques, au lieu de « structures politiques » ? Quels mécanismes ont été mis en place pour développer ces partis politiques ?
Toutes ces structures dites politiques tendent à épouser les voies du populisme et du fascisme, à se positionner en tant qu’éventuels « sauveurs de la patrie » ou « porteurs d’idées nouvelles », dont les pratiques et réalités objectives ne divorcent, en rien, avec les politiques passéistes.
Sur quelles bases, par exemple, une administration politique peut-elle prétendre avoir amendé la Constitution de 1987, lorsqu’elle a sciemment ignoré les principes et la marche à suivre ?
Comment une administration politique peut-elle s’arroger le droit de créer de multiples postes inutiles, qui ne font que donner des faveurs à des soumis, flatteurs et autres contempteurs ?
Pourquoi les citoyennes et citoyens doivent subir les caprices de potentats, qui se donnent un pouvoir discrétionnaire en tout et dans la circulation des personnes sur le territoire national ?
Quelles pirouettes jouera désormais la communauté internationale, au regard des résultats qui seront proclamés pour ce scrutin législatif du 9 août 2015, en panne de sensibilisation et de préparation institutionnelle appropriée ?
Reviendra-t-on, à nouveau, aux soubresauts issus des élections contestées de l’année 2000 ?
Qui permettra de vérifier l’authenticité des résultats attendus du scrutin législatif du 9 août 2015 ? Comment déterminer que ces résultats n’ont pas été tronqués ou détournés à l’avance ?
Suffit-il vraiment d’aller voter pour se donner bonne conscience, pendant que des magouilleurs tapis dans l’ombre tentent d’imposer leurs propres dirigeants ? [rc gp apr 09/08/2015 17:00]