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La question de la violation des droits humains dans la répression des violences à Port-au-Prince (version modifiée)

Par Christian Leduc

P-au-P., 28 oct. 2004, [AlterPresse] --- Plusieurs entités du secteur des droits humains tant au niveau national qu’international condamnent des violations ou accrocs aux droits de la personne enregistrés dans le contexte de violence qui sévit à Port-au-Prince depuis le 30 septembre dernier.

L’organisation britannique Haiti Support Group observe, dans un communiqué publié le 27 octobre et transmis à AlterPresse, « qu’il est clair que le gouvernement est impliqué dans de sérieuses violations des droits de l’Homme ».

« L’utilisation continuelle par plusieurs acteurs officiels du gouvernement du vocable ’terroriste’ pour décrire les présumés auteurs des actes de violence (qui se sont produits à la capitale), représente, dans le monde actuel, pour la police, les forces armées et les services secrets, une voie ouverte au mépris des droits de la personne », continue le document.

La Coalition nationale pour les droits des Haïtiens (NCHR) considère aussi qu’il y a eu des excès effectués par la police nationale dans les arrestations et « déplore le manque de ressources mises à la disposition des services d’investigation des commissariats de police, des Juges de Paix et des Commissaires du Gouvernement pour faire face à cette situation spéciale et respecter les droits des détenus à comparaître dans le délai de quarante huit (48) heures par devant leurs juges naturels », indique un rapport transmis à AlterPresse le 27 octobre.

« Il y a un manque de volonté de la part des autorités judiciaires et policières qui refusent tout simplement ce délai prévu dans la constitution », affirme Maître Renan Hédouville, responsable du Comité des avocats pour le respect des libertés (CARLI). « Certaines personnes sont en garde à vue depuis déjà trois à quatre semaines, sans avoir pu comparaître devant leurs juges naturels », continue-t-il.

Le document publié par la NCHR ajoute que plusieurs personnes ont été battues ou torturées au moment de leurs arrestations et donne l’exemple du Révérend Gérard Jean-Juste, un proche de Fanmi Lavalas arrêté le 13 octobre, qui aurait été « piétiné par des policiers et contraint de rouler jusqu’à la porte de sortie de son presbytère ».

La Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) a aussi fait valoir ses réserves face aux arrestations. « La Commission est préoccupée par les allégations de plusieurs arrestations arbitraires et détentions au cours des deux derniers mois, incluant l’arrestation, en date du 2 octobre 2004, dans les locaux de Radio Caraïbes, du Président du Sénat Haïtien et de trois autres politiciens associés à l’ancien gouvernement haïtien, ainsi que l’arrestation et la détention, datées du 13 octobre 2004, du Père Gérard Jean Juste dans sa paroisse à Port-au-Prince », précise un communiqué publié le 28 octobre de Washington, aux Etats-Unis.

La police réfute ces accusations. « à€ ce que je sache, tout a été fait dans les normes », se défend Mme Gessie Cameau Coicou, porte-parole de la police, a qui AlterPresse a soumis les récriminations des organismes de défense des droits humains. « Pour ce qui est du Révérend, nous avons déjà répondu à cette question. Tout est public et le dossier est désormais aux mains de la justice », ajoute-t-elle.

Par ailleurs, les actes de violence ont culminé cette semaine dans plusieurs quartiers de la capitale comme Nazon ou Delmas 24 où des coups de feu ont été entendus et des automobiles incendiées.

De plus, plusieurs personnes ont été tuées dans la soirée du 26 octobre au Fort-National après une attaque effectuée par des individus portant les uniformes de la police, mais que les forces de l’ordre ne revendiquent pas. Les unités de la police ne sont pas impliquées dans ce qui s’est produit au Fort National, a affirmé à la presse la porte-parole de la police. Gessie Coicou a soutenu que des bandits utilisent l’uniforme de la police.

De son coté, le Bureau de Communication du Premier Ministre a opposé un démenti formel aux « accusations » portées contre la police. Le communiqué, transmis à AlterPresse, affirme qu’« il a été clairement exprimé aux agents des forces de police qu’aucune exaction contre la population ne sera tolérée. S’il s’avère qu’il y aurait des cas d’exaction, les sanctions disciplinaires et pénales seront prises », poursuit la note.

La NCHR, qui recommande « aux groupes armés de renoncer à la violence aveugle comme moyen de lutte politique », demande aussi la « mise en place d’une commission d’enquête indépendante chargée de faire toute la lumière sur les graves incidents survenus au Fort National le mardi 26 octobre 2004 ».

Face à la situation actuelle, le CARLI préconise « un désarmement total pour assurer la stabilité ». « Il faut non seulement désarmer les partisans d’Aristide, mais aussi les anciens militaires et les ex-rebelles », estime Renan Hédouville. [cl gp apr 29/10/2004 14:00]