P-au-P, 22 juil. 2015 [AlterPresse] --- L’ambassadeur haïtien en République Dominicaine, Daniel Supplice (né à Port-au-Prince le 9 février 1951), se prépare à rentrer à Port-au-Prince, après avoir été rappelé de son poste à Santo Domingo.
Le diplomate l’a confirmé, lors d’une brève conversation téléphonique avec AlterPresse.
Il s’est, toutefois, refusé à toute déclaration concernant la mesure qui a été prise à Port-au-Prince.
Une source gouvernementale a indiqué à AlterPresse que l’actuelle ministre conseillère, Magalie Jeanty Magloire, assurera l’intérim à l’ambassade d’Haiti à Santo Domingo, en attendant de nouvelles instructions.
Daniel Supplice doit entreprendre des démarches diplomatiques à la capitale dominicaine, avant de revenir en Haïti, a précisé la même source.
Les informations, concernant le rappel définitif de Daniel Supplice, ont circulé d’abord dans les réseaux sociaux, dans la soirée du mardi 21 juillet 2015, quelques heures après une marche organisée, dans la capitale haïtienne, par une quinzaine d’organisations de la société civile.
Ces organisations ont exigé du gouvernement une position ferme vis-à vis de la République Dominicaine, sur le dossier des déportations massives de migrants haïtiens et de Dominicains d’ascendance haïtienne.
Daniel Supplice a été nommé au cours du mois de février 2015.
Il avait remplacé Fritz Cinéas (né à Port-au-Prince le 15 juin 1932), qui a été ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine de 2005 à 2015, après avoir occupé la même fonction sous le règne du dictateur Jean-Claude Duvalier.
Les positions, exprimées par Daniel Supplice sur le dossier haïtiano-dominicain, étaient ouvertement en contradiction avec le discours tenu par l’administration politique à Port-au-Prince.
Dans plusieurs interviews, accordées à divers médias, Daniel Supplice avait estimé que l’État haïtien est l’unique responsable de ce qui arrive aux migrants.
Le rappel de Daniel Supplice arrive à un moment où on assiste à des expulsions, par la République Dominicaine, de milliers de migrants haïtiens et de Dominicains d’ascendance haïtienne.
Cette opération est critiquée par le gouvernement haïtien, qui accuse la République Dominicaine de violation des droits des migrants haïtiens.
La République Dominicaine soutient n’avoir pas effectué de déportations massives et parle plutôt de « retours volontaires » des migrants haïtiens.
Les déportations ont commencé avec l’expiration, le 17 juin 2015, du Plan national de régularisation des étrangers (Pnre), instauré après l’arrêt 168-13, pris par la Cour constitutionnelle dominicaine le 23 septembre 2013, dénationalisant plusieurs centaines de milliers de Dominicains, la plupart d’origine haïtienne.
Cet arrêt dénationalise tous les natifs dominicains, nés de parents étrangers, à partir de 1929. [srh gp apr 22/07/2015 18:35]