P-au-P, 22 juillet 2015 [AlterPresse] --- Le manque d’intérêt et la méfiance du public face à la politique seraient à la base du faible engouement pour les élections, révèlent les résultats d’une enquête nationale sur l’engagement citoyen en Haïti.
« Diagnostic de l’engagement citoyen dans la perspective des élections de 2015 en Haïti » : tel est l’intitulé du rapport d’enquête menée par l’Observatoire citoyen pour l’institutionnalisation de la démocratie (Ocid), entre les jeudi 21 et dimanche 31 mai 2015.
Cette enquête a été rendue publique ce mercredi 22 juillet 2015, à l’occasion d’’un atelier de restitution, organisé par l’Ocid.
La peur de la violence et les craintes pour la sécurité personnelle, l’absence de carte d’identification nationale, en particulier parmi les jeunes, constituent également des obstacles à la participation des électeurs au vote, signale-t-il.
Les autorités vont-elles redoubler leurs efforts en vue de garantir la sécurité personnelle des personnes qui iront voter ? , s’interroge l’Ocid dans son rapport d’enquête.
Il appelle « les autorités électorales à faire tous les efforts en vue d’encourager les observateurs, crédibles et non partisans, à accéder aux bureaux de vote le jour des élections ».
Le gouvernement et les forces de l’ordre, les autorités électorales et les partis politiques peuvent-ils consentir des efforts supplémentaires pour éradiquer la pratique courante consistant à soudoyer les électeurs et électrices ?, se demande l’Ocid, sceptique.
Le monnayage des votes lors d’élections en Haïti représente un problème très dérangeant, fustige-t-il.
Les chiffres de l’enquête
En ce qui concerne la participation citoyenne aux élections, près de la moitié des personnes interrogées, soit 44% affirment ne pas avoir voté lors des dernières élections de 2010-2011 alors que 64% des sondés déclarent qu’ils ont l’intention de voter lors du prochain scrutin.
14% sont toujours indécis et 23% n’entendent pas remplir ce devoir civique.
Des 23% qui affirment ne pas vouloir voter le 9 août (le jours des législatives) , 32% disent tout simplement qu’ils n’y sont pas intéressés et pas moins de 15% ont évoqué comme motif l’absence de carte d’identification nationale.
Environ une personne sur huit, soit 17% des répondants, affirme s’être déjà vu offrir un pot-de-vin en échange de son vote.
81% de la population haïtienne sont favorables à l’observation électorale nationale contre 58% pour l’observation internationale.
Concernant les priorités, les chiffres ne présentent pas de grands écarts.
Plus d’une personne sur trois (38%) considèrent « la pauvreté » comme le plus grave problème auquel Haïti se trouve confrontée ; une personne sur quatre (27%) évoque « le chômage » ; une personne sur 10 (10%) est surtout inquiétée par « la violence » ou craint pour sa « sécurité personnelle ».
Les 25% restants parlent des problèmes politiques comme les enjeux électoraux ou du manque d’accès aux soins de santé, de la corruption, des problèmes environnementaux et autres.
Près de 1,463 observateurs et observatrices ont été mobilisées pour mener cette enquête conduite par le professeur Neil Nevitte de l’Université de Toronto, assisté d’un statisticien haïtien, Joseph Denis Antoine, et de l’équipe technique de l’Ocid.
3,704 concitoyens et citoyennes en âge de voter et appartenant à différentes catégories sociales ont été interrogés sur leur intérêt pour les questions politiques, leur perception des leaders et dirigeants politiques, leur vie associative, leurs opinions sur certains aspects précis du processus électoral et des institutions politiques nationales.
49% sont des hommes et 51% des femmes. La plupart sont âgés entre 18 et 35 ans (59%). Les jeunes de 18 à 25 ans représentent 35%, les adultes de 36 à 50 ans comptent pour 22% alors que les 50 ans et plus forment 18% de l’échantillon.
19% d’entre eux résident dans la zone métropolitaine, 30% dans les villes hors de la capitale Port-au-Prince et 51% en milieu rural. [emb kft gp apr 22/07/2015 12 : 30]
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