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Haïti-RD : Plusieurs centaines de migrants passent par Fonds Verrettes pour se rendre en République Dominicaine

Correspondance de Ethzard Cassagnol

Fonds-Verrettes, 24 juil. 2015 [AlterPresse] --- Plusieurs centaines de migrants Haïtiens traversent la ligne frontalière de Fonds-Verrettes (Ouest) depuis le début du mois de juillet 2015 pour se diriger vers la République Dominicaine, constate l’agence en ligne AlterPresse.

« Moi je vivais en République Dominicaine depuis plus que 20 ans. On m’a arrêté en pleine rue à Barahona, avec seulement mes vêtements, les mains vides. On m’a rapatrié vers Jimani. J’ai passé deux jours à Fond Parisien où quelques Bons Samaritains m’ont donné un support en nourriture et de l’argent pour retourner dans ma localité natale. Avec cet argent j’essaie de migrer illégalement pour retrouver ma famille », déclare Jeannot Aurélien, originaire de Côte de Fer.

Certains migrants rencontrés sont en route depuis plusieurs jours avec la même détermination de traverser la frontière en dépit des risques.

« Je connais les risques quand on traverse la frontière. On pourrait être victime de vol, de viol, dans la forêt, de la part des Dominicains et parfois des Haïtiens. Mais la misère est vraiment rude. Si j’arrive [en territoire dominicain] je ferai n’importe quoi pour vivre excepté voler et tuer », réagit Rosalie Jean, 21 ans, habitante de Baînet.

Depuis le début du mois de juillet 2015, des hommes et femmes d’âges différents, accompagnés d’enfants, venant de plusieurs endroits du pays se rendent à Fonds-Verrettes ou Thiotte. Ils descendent en chemin pour prendre la direction de la frontière. Chaque groupe est mené par un passeur, appelé boukong.

Ces passeurs connaissent parfaitement les risques.

« Si durant le voyage il y a une patrouille, les migrants risquent de se perdre dans la forêt des Dominicains et cela peut occasionner des pertes en vie humaine », reconnait un boukong interrogé.

Car les répressions violentes contre les migrants haïtiens se répètent sur cette ligne frontalière.

Depuis le 17 juin, un processus de rapatriement d’immigrants haïtiens en République Dominicaine a lieu dans des conditions ayant soulevé l’inquiétude du gouvernement haïtien et plusieurs pays de la région.

La plupart des rapatriés affirment avoir été poussés par la peur de représailles de la part de leur communauté d’accueil. Des familles sont séparées, des enfants nés Dominicains et ne connaissant rien d’Haïti sont déportés.

En 2006, six (6) migrants sont morts à Forêt des pins dans un accident de véhicule alors qu’ils revenaient du pays voisin, dépités de ne pas pouvoir traverser. C’est la mairie de Fonds-Verrettes qui a organisé leurs funérailles.

Sur la ligne frontalière de Fonds-Verrettes, les migrants traversent les localités suivantes : Majon, Palmis tanpe, Twama, masitwon, Bwatonbe, gwoma, Bwanègès, Boukan Fèdinan, Boukan Chat, Mòn Vensan. [ec kft gp apr 24/07/2015 10:15]