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Haïti : d’autres obstacles à la liberté de la presse ?

Paris, 27 oct. 04 [AlterPresse] --- Haïti occupe la 125ème place dans le classement rapport de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières (RSF) pour l’année 2004. L’année dernière, alors que Jean-Bertrand Aristide était au pouvoir, Haïti était classé à la 100ème position.

RSF explique cette mauvaise performance d’Haïti par le fait de la « multiplication des attentats, menaces, et agressions contre la presse imputés aux hommes de main de l’ancien président Aristide les mois précédant son départ. »

A propos de la situation actuelle, l’organisation de défense des journalistes souligne que « depuis [le départ d’Aristide : Ndlr], la situation s’est améliorée mais en province les journalistes doivent composer avec les anciens militaires qui ont chassé "Titid", et préfèrent s’autocensurer. »

L’Amérique Latine reste fragile

Le dernier classement de Reporters sans Frontières montre la fragilité de la liberté de la presse en Amérique Latine :
En avant-dernière position (166e), Cuba est, une fois encore, selon RSF, la lanterne rouge du continent américain en matière de liberté de la presse. Sur l’île, toute expression critique à l’égard du régime de Fidel Castro est, par définition, criminelle. Arrêtés lors du "printemps noir" de mars 2003 avec près d’une cinquantaine de dissidents, 26 journalistes sont toujours emprisonnés. La libération sous condition de deux de leurs collègues ne représente qu’une maigre lueur d’espoir alors que l’Etat exerce toujours un monopole implacable sur l’information, souligne en substance RSF.

En Colombie, il existe en revanche une vraie pluralité de l’information. Mais les journalistes la paient de leur vie, relève le rapport de RSF. Deux d’entre eux ont été tués sur la période considérée. Un chiffre légèrement en recul par rapport à l’année précédente, d’où un classement un peu meilleur (134e place contre 147e en 2003). Cependant, dans l’ensemble, les conditions de travail des journalistes n’ont pas changé. Dénoncer les exactions des groupes armés - paramilitaires et guérillas - et la corruption des élus reste un métier dangereux, plus que partout ailleurs sur le continent, soutient RSF.

Au Mexique (96e), au Pérou (123e), et, dans une moindre mesure, au Brésil (66e), subsiste ce que RSF considère comme une liberté de la presse à deux vitesses. Dans ces grands pays, aux côtés d’une presse nationale relativement préservée, des médias locaux doivent faire face à de graves difficultés, explique l’organisme. Dans les trois Etats, des journalistes ont été tués en province, victimes du crime organisé ou d’élus locaux. En raison de l’assassinat de Carlos Guadamuz, le Nicaragua rétrograde de la 34e place en 2003 à la 52e. En Argentine (79e), pas de tué, mais les journalistes en région sont victimes du harcèlement judiciaire, de menaces et de l’instrumentalisation de la publicité publique par les autorités locales.

Moins nombreux qu’en 2003, les attentats, menaces et agressions dont ont été victimes journalistes et rédactions critiques envers le président Hugo Chávez restent élevés et expliquent en partie la position du Venezuela (90e). RSF souligne cependant que la tension a légèrement baissé depuis que le référendum du 15 août a confirmé le chef de l’Etat dans ses fonctions.

C’est le troisième classement mondial de la liberté de la presse que publie Reporters sans Frontières. Pour l’année 2004, C’est en Asie orientale (Corée du Nord, 167e en dernière position ; Birmanie, 165e ; Chine, 162e ; Viêt-nam, 161e ; Laos, 153e) et au Moyen-Orient (Arabie saoudite, 159e ; Iran, 158e ; Syrie, 155e ; Irak, 148e ) que la liberté de la presse est le plus menacée.

« Dans ces pays, soit la presse indépendante est tout simplement inexistante, soit les journalistes sont soumis à une répression et à une censure quotidiennes. Ni la liberté de l’information, ni la sécurité des journalistes n’y sont garanties », estime RSF. En Irak, la guerre qui perdure est la plus meurtrière de ces dernières années pour la profession (44 tués depuis le début du conflit, en mars 2003). [wa gp apr 27/10/2004 11:00]