P-au-P, 10 juillet 2015 [AlterPresse] --- 299 migrantes et migrants haïtiens dont 178 enfants sont arrivés dans la matinée du mardi 7 juillet 2015 à Fond Jeannette, une localité frontalière de la 2e section communale d’Anse-à-Pitre, apprend AlterPresse.
Ces ressortissantes et ressortissants haïtiens ont été contraints de quitter la République dominicaine en passant par le point frontalier de Don Juan.
Pour forcer des migrants à partir, un patron dominicain aurait incendié les cabanes qui les hébergeaient sur la plantation où ils travaillaient, rapporte le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) citant une des victimes interrogées.
N’ayant pas eu d’autres choix, ces ressortissants ont été obligés de rentrer dans leur pays d’origine par peur de se faire agresser par des Dominicains hostiles aux Haïtiens.
Originaires de Thiotte, de Grand-Gosier et de Belle Anse (Sud-Est d’Haïti), ces migrants ont vécu de 3 à 10 ans en territoire dominicain.
Ils vivaient dans les localités dominicaines de Pedernales et de La Manigua et travaillaient, pour la plupart, dans le secteur agricole en territoire dominicain.
Ils recevaient mensuellement un salaire de 3, 000 pesos dominicains avant que le patron dominicain leur demande de laisser la ferme, prétextant l’avoir vendue à un autre propriétaire.
On compte 178 enfants, 65 hommes et 56 femmes parmi les 299 migrant(e)s haïtiens revenus à Fond Jeannette, précise le Garr, dans une note transmise à AlterPresse.
Des rapatriements avec des séparations de familles continuent à être enregistrés par les bureaux régionaux du Garr, même si une diminution des cas de retour de migrants haïtiens a été observée ces dernières semaines au niveau de la frontière.
À Belladère, 7 ressortissant(e)s haïtiens dont une mère avec ses deux enfants ont été rapatriés de force, le mercredi 8 juillet 2015, par des militaires dominicains.
Ils habitaient à San Juan de la Maguana, une province dominicaine.
Son mari est actuellement en République dominicaine parce qu’il n’était pas encore revenu du travail au moment de la déportation de sa famille.
La mère était complètement bouleversée parce qu’elle ne pouvait établir aucun contact avec son compagnon.
Le Garr exhorte les autorités dominicaines à faire montre de bonne foi en respectant le protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriements en vue d’éviter les cas de séparation de familles et la destruction des biens des rapatriés dans ces opérations souvent entachées de violations de droits de la personne humaine.
Malgré les faits avérés, les autorités dominicaines continuent de nier l’existence de déportations inhumaines et préfèrent parler de "retours volontaires" que de rapatriements forcés.
Le Conseil permanent de l’Organisations des Etats américains (Oea) est cependant interpellé. Lors d’une session extraordinaire organisée le mercredi 8 juillet, au cours de laquelle Haïti a gagné le soutien de plusieurs pays.
L’envoi d’une mission de l’Oea sur l’île a même été décidé dans la perspective d’évaluer la situation migratoire de la population haïtienne.
Cette mission est attendue ce vendredi 10 et restera sur place jusqu’au mardi 14 juillet 2015, d’abord en République Dominicaine, puis en Haïti. [emb kft gp apr 10/07/2015 11 : 30]