P-au-P, 03 juil. 2015 [AlterPresse] --- Des dizaines de personnes, dont des étudiants et membres d’organisations impliquées dans les questions sociales, ont marché, ce vendredi 3 juillet 2015, dans la capitale haïtienne, pour dénoncer le problème de la faim, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Des assiettes vides (symbolisant la condition des personnes qui souffrent de la faim), des cuillères et des affiches ont servi d’outils de diffusion des messages, à côté des voix des marcheurs.
La marche du vendredi 3 juillet 2015 a été baptisée Aba grangou (non à la faim), pour paraphraser un ancien programme gouvernemental dont l’objectif était de combattre la faim.
Oxygène David, dirigeant du Mouvement de liberté et d’égalité des Haïtiens pour la fraternité (Moleghaf), se dit « indigné » de la manière, dont le problème de la faim est abordé dans le pays.
Pour le Moleghaf, les autorités haïtiennes ne font que défendre les intérêts de ceux qui ont déjà une vie aisée et non ceux des défavorisés.
« Nous marchons pour réveiller la conscience des citoyens », fait savoir David.
La dépréciation accélérée de la gourde face au dollar américain (US $ 1.00 = 53.00 gourdes ; 1 euro = 62.00 gourdes aujourd’hui) est également dénoncée par les manifestants.
« C’en est trop ! », lit-on sur l’une des affiches.
Avec la baisse de la valeur de la gourde face au dollar américain, les prix des produits de première nécessité, notamment les produits alimentaires, tendent à augmenter considérablement.
Les marcheurs ont réservé une affiche pour revenir sur le ½ milliard de dollars américains, qui n’a pas été géré, en toute transparence, par la Croix-Rouge américaine après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Au rythme d’une méringue carnavalesque, ils ont critiqué le président Joseph Michel Martelly, dont ils ont dressé un portrait peu flatteur, d’ « un inconscient en train de détruire le pays ».
« Nous avons faim, nous ne pouvons plus le supporter », ont scandé les marcheurs.
Ils ont profité de la marche, contre la faim du 3 juillet 2015, pour former le voeu de la réouverture d’usines nationales de production d’huile et de sucre entre autres, fermées, depuis la fin des années 1980 en Haïti, au profit d’une politique néolibérale encourageant l’invasion massive de produits étrangers, y compris alimentaires.
3,5 millions d’Haïtiennes et d’Haïtiens, sur une population estimée à 11,5 millions, sont en insécurité alimentaire aujourd’hui (juillet 2015) en Haïti, souligne la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa).
La marche du 3 juillet 2015, qui n’a pas fait recette auprès de la population, a été organisée par le Mouvement de liberté et d’égalité des Haïtiens pour la fraternité (Moleghaf) et le Mouvement d’étudiants pour libérer Haïti (Mela), entre autres. [srh kft rc apr 03/07/2015 14:15]