Par Stephen Ralph Henri
P-au-P, 1er juillet 2015 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) appelle les autorités haïtiennes concernées à agir face à une rareté d’eau, qui commence à poindre comme un nouveau problème dans divers quartiers et villes d’Haïti.
L’espace de débat mensuel, « les vendredis de la plateforme », créé par la Pohdh, a permis de dresser, le vendredi 26 juin 2015, un tableau sur la rareté de l’eau dans le pays, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Les fonctionnaaires haïtiens - de la santé publique, de l’agriculture, et de l’environnement - doivent « assumer leurs responsabilités pour que la population aie accès à l’eau, en qualité et quantité », préconise Alermy Piervilus, responsable du programme d’éducation à la culture des droits humains au sein de la Pohdh.
« Depuis le mois de janvier 2015, des difficultés d’ [accès à l’] eau sont rencontrées dans diverses zones du pays », rapporte la Pohdh, s’appuyant sur les données issues d’une investigation qu’elle a conduite.
Fonds-Verrettes (Ouest), Saint Marc (Artibonite), Mirebalais et Belladère (Plateau central) figurent parmi les communes affectées par des difficultés d’accès à l’eau.
Le manque d’eau est également patent dans la zone métropolitaine de la capitale, notamment Carrefour-Feuilles (périphérie sud-est de la capitale), Martissant (sud) et Juvénat (Pétionville, à l’est de Port-au-Prince).
« Les problèmes liés à la raréfaction de l’eau sont sérieux »,souligne la Pohdh.
Cette carence en eau commence, d’ailleurs, à susciter des grognes au sein de la population.
Les habitantes et habitants, en différents points du territoire national, sont contraints de parcourir plusieurs kilomètres pour trouver de l’eau.
Beaucoup de personnes auraient succombé de déshydratation, selon les témoignages recueillis par la Pohdh.
En mai 2015, plusieurs centaines de têtes de bétails sont mortes (de faim) et de soif, dans la zone de Fonds-Verrettes.
Au Plateau central, une quantité importante de récoltes sont compromises avec la sécheresse enregistrée depuis plusieurs mois.
Avec la croissance démographique en Haïti, l’arrivée d’étrangers d’autres pays, l’expulsion de Dominicaines et de Dominicains, ainsi que de ressortissantes et ressortisants haïtiens de la République Dominicaine, « si rien n’est fait, les besoins en eau deviendront de plus en plus urgents, jour après jour », alerte le secrétaire exécutif de la Pohdh, Antonal Mortimé.
« C’est l’État qui doit prendre en charge la gestion et l’approvisionnement en eau », reste convaincue la Pohdh.
Une position, partagée par les participantes et participants à la conférence-débat du 26 juin 2015, qui ont soulevé les relations entre accès à l’eau et droits humains ainsi que l’urgence de solutions immédiates face à la rareté actuelle d’eau, dont éventuellement un partenariat public-privé.
Depuis 2010, la gestion et l’approvisionnement de l’eau sont assurés par la Direction nationale d’eau potable et d’assainissement (Dinepa).
Les structures, qui servent de prolongement à la Dinepa dans les départements - où il n’existe plus les branches du Service national d’eau potable (Snep) - paraissent très faibles et, de fait, incapables de répondre aux besoins des citoyennes et des citoyens dans les communautés.
En 2015, 50 % de la population nationale consomme une eau, dont la potabilité est douteuse, selon les informations communiquées par la Dinepa.
Ce qui reste susceptible d’ouvrir la porte à des maladies, comme le choléra relève la Pohdh.
30% des familles marchent en moyenne 30 minutes pour trouver de l’eau dans les villes, dont la capitale Port-au-Prince.
La situation de l’eau est critique et vient remettre en question le droit à la vie des habitantes et habitants en Haïti, avertit la Pohdh. [srh kft rc apr 1er/07/2015 1:00]