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Haïti-Genre/Élections : Pacte d’engagement entre des organisations féministes et des candidats

Pour l’adoption de l’avant-projet de loi sur les violences faites aux femmes

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 26 juin 2015 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations féministes et des candidats aux prochaines élections ont signé, ce vendredi 26 juin 2015, à Port-au-Prince, un pacte d’engagement autour de l’avant-projet de loi sur les violences faites aux femmes, observe AlterPresse.

Le document a été paraphé, à l’issue d’un atelier qui a réuni des organisations de défense des droits des femmes, des partis et regroupements politiques ainsi que des candidates et candidats aux prochaines élections législatives, locales et présidentielles de 2015.

A travers ce pacte, les organisations féministes et de femmes espèrent l’adoption de la loi-cadre sur la prévention, la sanction et l’élimination des violences envers les femmes par les représentantes et représentants de la 50e législature, qui doit être issue des prochaines élections.

La responsable des programmes de la Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa), Olga Benoît, invite les dirigeants de partis et regroupements de partis à prendre l’engagement de renforcer le cadre juridique pour permettre aux femmes de trouver justice face aux violences subies.

Le projet de loi sur les violences faites aux femmes est « fin prêt », avait affirmé, en 2014, la ministre à la condition féminine à l’époque, Yanick Mézile.

Cependant, ce projet de loi-cadre, dont certains points restent à préciser, tarde encore.

Un avant-projet de loi à compléter

Certaines remarques ont été formulées par Benoît en rapport à certains aspects de ce projet de loi, qui doivent être modifiés avant son adoption.

L’exposé des motifs et une proposition pour l’adoption du concept de violences sexo-spécifiques, en lieu et place de violences en général, manquent à cette loi-cadre, indique-t-elle.

Il faut apporter des précisions à la dénomination de violences à caractère économique et considérer la proposition concernant la possibilité pour les femmes d’avorter, en cas de risques pour la mère ou à la suite d’un viol, exige la Sofa.

L’outrage à la pudeur doit être mieux défini pour éviter des confusions, poursuit Olga Benoît, appelant à la mise en place de mécanismes pour faire appliquer la loi-cadre sur les violences faites aux femmes.

Des défis à relever

Le décret de juillet 2005 sur les agressions sexuelles, considérant le viol comme un crime, constitue un grand pas, applaudit Danièle Magloire, dirigeante de l’organisation Kay Fanm (La maison des femmes).

Les candidates et candidats doivent être à l’écoute de la société civile, en ce qui concerne, entre autres, les propositions pour la mise en place d’outils juridiques, comme la finalisation de la loi-cadre sur les violences faites aux femmes, encourage-t-elle.

Pourquoi cette loi-cadre, attendue depuis trois à quatre ans, n’arrive-t-elle pas encore à être finalisée ?, s’interroge la sociologue féministe.

L’Etat est appelé à prendre le relais pour appuyer les services aux personnes victimes de violences sexuelles, à faire respecter la loi dans la livraison des certificats médicaux aux femmes victimes de violences sexuelles et la formation des responsables concernés pour favoriser de meilleurs services.

Pour sa part, la candidate à la présidence pour les prochaines élections de 2015, Joe Marie Judie C. Roy, du Regroupement patriotique pour le renouveau national (Reparen), dénonce l’inceste qui constitue, selon elle, un phénomène très inquiétant.

Ayant déjà travaillé sur les violences faites aux filles, la militante relate des cas de viols sur des filles et femmes, qui refusent de dénoncer leurs agresseurs, notamment dans des zones où les bourreaux sont des notables, des juges.

Lyonel Faustin du parti politique Pitit Desalin, actuel candidat à la députation de la troisième circonscription de Port-au-Prince, estime qu’il faut aider les filles et les femmes à sortir de la culture du silence, quand elles sont l’objet d’agressions sexuelles.

Il faut une loi basée sur la responsabilité citoyenne et des dispositions légales pour la faire appliquer, exige-t-il, lors de l’atelier.

Etaient présents, à l’atelier du vendredi 26 juin 2015, plus d’une trentaine de représentantes et représentants d’organisations féministes et de femmes, de partis et regroupements politiques ainsi que des candidates et candidats aux élections législatives, locales et présidentielles.

L’ancien sénateur de la République et candidat à la présidentielle de 2015, Steven Benoit, et le coordonnateur du parti Organisation du peuple en lutte (Opl), Francisco De La Cruz, ont également assisté à l’atelier du 26 juin 2015. [emb gp apr 26/06/2015 15:25]