Correspondance Shella Chauvette
Belladère, 27 juin 2015 [Alter Presse] --- La grogne enfle à Belladère (Bas Plateau central) après la visite d’évaluation des autorités haitiennes de l’accueil des rapatriés à la frontière.
Lors de cette visite, conduite par le titulaire, Victor Benoit, du Ministère des affaires sociales et du travail (Mast), 200 mille gourdes ont été annoncées pour l’assistance aux 1,803 rapatriés à Belladère.
L’argent sera confié à la mairie (dirigée par des agents exécutifs intérimaires), à l’Office national pour la migration (Onm) et à la vice délégation de Belladère.
« Les autorités parlent de recevoir les migrants avec dignité. Je n’arrive pas à comprendre comment elles octroient 200,000.00 gourdes. Imaginez, en faisant le cacul, chaque personne (parmi les 1,803 déjà rapartiées) devrait recevoir 110.00 gourdes, alors que le nombre augmente chaque jour ! Ce n’est pas le gouvernement dominicain qui les humilie, ce sont nos autorités », déplore John Edy Marcadieu, habitant de Belladère.
Pour retourner chez eux, ces migrants auraient besoin d’au moins 500.00 gourdes, si l’on tient compte des prix de transport des bus de Belladere et des motos-taxis.
L’Etat doit prendre d’autres mesures pour assister ces personnes en difficultés, considère Marie Yolaine Vertus, membre du comité des droits humains à Belladère (Kdmb).
Les derniers rapatriés, depuis la mi-juin 2015 à Belladère, sont originaires pour la plupart, de Port-de-Paix (Nord-Ouest), Liancourt (Artibonite), Mirebalais (bas Plateau central).
« 200,000.00 gourdes pour 1,803 migrants, alors que le nombre continue d’augmenter, ce n’est pas possible ! » s’indigne Fleurival Pigne, habitant de Belladère.
Le Club hôtel, un ancien bâtiment construit sous le gouvernement de Léon Dumarsais Estimé [1], sert d’abri provisoire pour accueillir les migrants.
Les rapatriés arrivent à Belladère dans un contexte particulièrement difficile : pas d’eau potable dans le centre ville, sécheresse et perte des plantations, chômage chronique…
« Cela fait 7 mois environ que la ville de Belladère est privée d’eau potable. Malgré nos cris, les autorités n’ont rien fait pour remédier à cette situation. Et pour ces migrants ? », se demande Béatrice Ledoux, une autre habitante de Belladère.
D’autres riverains craignent l’absence de protocole sanitaire, de mécanismes de sécurité et de modalités institutionnelles envisagées pour nourrir ces migrants à court, à moyen et long terme, dans la commune de Belladère.
Par ailleurs, la commune de Savanette (toujours dans le bas Plateau central) a enregistré plus de 750 migrants acheminés, entre les vendredi 19 et lundi 22 juin 2015, à la frontière de Hondo Valle (par la localité haïtienne dénommée Miguel), fait savoir un membre du Conseil d’administration de la 2e section communale (Casec) de Savannette. [sc kft rc apr 27/06/2015 0:50]
[1] Né le 21 avril 1900 à Verrettes (Artibonite) et mort le 20 juillet 1953 à New York, Léon Dumarsais Estimé fut président d’Haïti du 16 août 1946 au 10 mai 1950.