Correspondance Jéthro-Claudel Pierre Jeanty
Ouanaminthe, 22 juin 2015 [AlterPresse] --- Plusieurs institutions étatiques ont commencé à marquer leur présence à Ouanaminthe, un des principaux points frontaliers entre Haiti et la République Dominicaine, qui a entamé depuis quelques jours des opérations de déportations massives de migrants haïtiens.
Des agents identifiés de plusieurs entités publiques ont été déployés sur le terrain et des tentes installées pour ‟aider” les milliers de compatriotes qui retournent au bercail, a constaté AlterPresse.
Les préparatifs annoncés par le gouvernement haïtien pour « recevoir dans la dignité nos frères et sœurs », étaient totalement inexistants à Ouanaminthe, avant ce lundi 22 juin 2015.
Des agents de l’immigration, dont les bureaux se trouvent à quelques dizaines de mètres de la frontière ont été mobilisés aux côtés d’agents de la Protection Civile et observent l’arrivée des personnes déportées, même si leur mission est d’ « organiser cet accueil ».
Non loin du passage officiel entre les deux pays, la direction départementale du Nord-Est du Ministère de la santé publique a déployé une équipe de 30 professionnels de santé, dont, des médecins, infirmières et agents de santé, pour fournir les premiers soins à qui en nécessiteraient.
Cette initiative devrait permettre au Ministère de la santé publique de prévenir aussi les nouvelles maladies dont les migrants pourraient être porteurs, a fait savoir le médecin Jose Raphaël, responsable des maladies infectieuses pour le département du Nord-Est du Ministère de la santé publique.
La commune de Ouanaminthe, l’une des zones frontalières retenues officiellement pour faire le rapatriement des Haïtiens en situation irrégulière en République Dominicaine, continue de recevoir en grand nombre les ressortissants haïtiens déportés ou qui fuient la République voisine.
Wisly Jean, un jeune homme dans la trentaine, accompagné de son épouse, déclare à AlterPresse qu’aucune autorité haïtienne ne l’a abordé, lors de son arrivée, ni pour un ‟enregistrement”, ni pour lui venir en aide. Le couple habitait une localité de la république voisine appelée ‟Alabacoa”.
En rappelant que ‟les chantiers et les champs des Dominicains sont tous rendus prospères par la force de travail des Haïtiens”, Wisly Jean appelle de tous ses vœux le gouvernement à créer des emplois en Haïti, afin de garder les nationaux.
Pour sa part, Marcellus Miguel, venu de la capitale dominicaine, Sonto-Domingo, attire l’attention sur les nombreux ressortissants haïtiens qui vivaient légalement en territoire dominicain et qui ont été obligés de revenir en Haïti à cause des menaces dont ils sont l’objet.
De son côté, le délégué départemental du Nord-Est, Hugo Charles, se veut rassurant, en dépit de l’inadéquation flagrante des moyens matériels mobilisés.
Pour lui, les moyens sont suffisants « pour le moment », puisqu’il a pu distribuer 300 plats chauds le vendredi 19 juin dernier. [jcpj apr 22/06/2015 18:33]