P-au-P, 22 juin 2015 [AlterPresse] --- Des organisations continuent d’’exprimer de vives inquiétudes par rapport au processus de déportation massive des migrantes et migrants haïtiens de la République Dominicaine, après l’expiration, le 17 juin 2015, du Plan national de régularisation des étrangers (Pnre).
Le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) pointe du doigt la République Dominicaine et les autorités haïtiennes.
Dans un premier temps, une double information circule au sein de la société dominicaine sur la déportation, déplore le coordonnateur du Garr, Saint Pierre Beaubrun, au cours d’une rencontre avec la presse, organisée dans la matinée du 18 juin 2015.
En visite, en Haïti, entre du 5 au 7 juin 2015, le ministre dominicain des affaires étrangères, Andrés Navarro, avait laissé comprendre que les rapatriements devraient débuter 45 jours après l’expiration du Pnre.
Pourtant, le processus des rapatriements est déjà en cours, bien avant le 17 juin 2015, en plusieurs points frontaliers, dont particulièrement des zones non officielles.
Ces rapatriements ne sont pas effectués sur les lignes frontalières reconnues entre les deux pays, déplore le Garr qui dénonce le comportement des dirigeants haïtiens.
Aucune zone ne semble être définie pour recevoir les milliers de migrantes et de migrants haïtiens qui doivent être rapatriés, signale le Garr appelant les autorités à éviter l’établissement de camps dans les villes frontalières.
« Nous déconseillons l’organisation de camps sur la frontière. Le mieux, c’est de faire en sorte que les rapatriés retournent dans leurs zones d’origine », suggèrent le Garr, le Comité de coordination des Ong (Cco) et le Cadre de liaison Inter-Ong (Clio).
Ils appellent les deux gouvernements à assurer une reprise régulière du dialogue politique qui doit, disent-ils, être ouvert aux organisations de la société civile des deux pays.
Le Cco et le Clio invitent les dirigeants dominicains à observer un moratoire sur les déportations, à poursuivre le Pnre en vue de permettre à celles et ceux qui sont concernés de déposer leurs dossiers.
Ils souhaitent un « accueil communautaire » aux rapatriés.
L’État haïtien est aussi appelé à maintenir le Programme d’identification et documentation des immigrants haïtiens (Pidih) afin de les aider à justifier leur nationalité au besoin.
Le jeudi 18 juin 2015, le gouvernement d’Evans Paul a entamé un « dialogue patriotique » sur la situation des personnes victimes (Haïtiens et Dominicains d’origine haïtienne) de déportation en République Dominicaine.
Le premier ministre haïtien, Evans Paul, a annoncé la création d’un comité mixte national, composé de 5 commissions.
Ce comité devra comporter une commission humanitaire qui se chargera de planifier l’accueil des rapatriés et une autre chargée de travailler sur les activités migratoires.
Suite à une réunion le weekend dernier, Evans Paul fait état d’un déploiement ministériel dans divers points frontaliers (Belladère, Thomassique, Los Cacaos - une localité haïtienne - / Plateau central, Anse-à-Pitres / Sud-Est, Ouanaminthe / Nord-Est, Malpasse /Ouest). Paul compte se rendre sur place pour observer et coordonner l’aide aux rapatriés.
Les questions de droits humains, du commerce et des affaires internationales devront également faire l’objet d’une commission chacune.
Dans une localité appelée ‘’ Tête-à–l’eau’’ à Anse-à –Pitres (Sud-Est) près de 1,000 personnes déportées vivent actuellement dans des conditions déplorables.
Pour le Garr, avec l’absence d’un plan clair sur le rapatriement des Haïtiennes et des Haïtiens, la « situation s’annonce triste ». [srh emb rc apr 22/06/2015 0:20]