P-au-P, 21 juin 2015 [AlterPresse] ---- Sous menace d’expulsion des autorités dominicaines, plusieurs centaines de migrantes et migrants haïtiens sont contraints de retourner dans leur pays en raison d’une psychose de peur.
Cette psychose de peur, qui envahit l’esprit des ressortissant (e)s haïtiens en République Dominicaine, entraîne, au quotidien, une fuite massive de plusieurs centaines de ces migrant (e)s haïtiens en provenance du territoire voisin.
Un retour « volontaire » en série de ces migrant(e)s haïtiens a été observé dans divers points frontaliers officiels et non officiels d’Haïti et de la République Dominicaine, tout au cours de la semaine, particulièrement depuis le mercredi 17 juin 2015, date butoir de fermeture du Plan national de régularisation des étrangers (Pnre).
Sur une soixantaine de ressortissants haïtiens rapatriés à la frontière de Jimani/Malpasse, le 16 juin 2015, douze (12) d’entre eux ont dû parcourir des kilomètres à pied pour aboutir à Boukan Chat et à Terre Froide, deux localités frontalières de la commune de Fonds-Verrettes (Ouest d’Haïti), rapporte le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).
Accueillies par des comités de droits humains du Réseau frontalier Jeannot Succès (Rfjs) respectivement basés à Boukan Chat et à Terre-Froide, ces personnes rapatriées à Malpasse sont originaires de Jacmel et Thiotte (Sud-Est), de Léogane (Ouest) et de Montrouis (Artibonite/Nord).
Huit de ces rapatriés, qui tentaient de retourner en territoire dominicain en passant par la localité frontalière de Limón, ont été refoulées par des soldats dominicains basés à ce point frontalier non officiel.
L’un des rapatriés, Willio Pierre, âgé de 18 ans et originaire de Terre-Froide, est décédé en arrivant chez ses parents, le mardi 16 juin 2015.
Il travaillait dans les plantations dominicaines après y avoir vécu 3 ans, fait savoir le Rfjs.
Un rapatrié au nom de Wilner a été séparé de ses 4 filles et fils restés en République voisine. Il avait trois ans quand sa mère a quitté Haïti pour s’établir en République Dominicaine. Il travaillait dans le domaine de l’agriculture et a vécu 50 années en République Dominicaine.
Plus de 600 ressortissant (e)s haïtiens ont été contraints de quitter la République Dominicaine sous peine d’être victimes de violences, selon des témoignages recueillis par Bertho Jean Junior, un animateur du Garr, basé à Cornillon/Grand-Bois (Ouest).
Le même cas de figure a été observé à la frontière de Belladère, où une mère de famille, rapatriée, témoigne avoir vécu pendant huit ans en territoire dominicain.
Le jeudi 18 juin 2015, les autorités dominicaines ont déporté 70 personnes, dont 41 hommes 25 femmes et 4 enfants, sur la frontière de Belladère, où aucune structure n’était en place pour les accueillir.
Ayant laissé Elias Piña, province de la République Dominicaine par peur d’être rapatriées de force, 25 personnes ont été accueillies par une animatrice du Garr, au niveau du haut Plateau central, plus spécifiquement à Bòk Banik.
2,420 personnes ont été rapatriées à la frontière de Belladère/Elias Piña, de janvier à mai 2015, a observé le Garr.
Plusieurs de ces ressortissants, qui avaient leurs fiches d’inscription au Pnre, ont été chassés du territoire voisin.
Le Garr appelle les autorités haïtiennes à exiger des autorités dominicaines, avant toute déportation, la non séparation de familles rapatriées, la récupération de leurs biens et la communication, aux autorités haïtiennes, de la liste des personnes se trouvant dans le processus de rapatriement.
Le jeudi 18 juin 2015, le gouvernement haïtien a entamé un "dialogue patriotique" sur la situation de personnes victimes de déportation, en vue d’apporter une réponse empreinte de solidarité agissante à l’égard des Haïtiens en difficulté sur le territoire dominicain [emb gp apr 21/06/2015 00:20]