P-au-P, 15 juin 2015 [AlterPresse] --- Après 20 ans d’existence, la Police nationale d’Haïti (Pnh) fait face à plusieurs limites, dont la faiblesse des moyens de fonctionnement et la politisation de l’institution, estiment des organisations de la société civile.
La police subit, depuis quelques années, une certaine déstabilisation institutionnelle, dénonce à AlterPresse le coordonnateur national de l’observation à la Commission épiscopale Justice et paix (Jilap) de l’église catholique, Rovelson Apollon.
La politique a joué un grand rôle dans cette déstabilisation notamment durant la période 2002-2004 où l’institution a failli disparaitre, rappelle-t-il.
Au lendemain du départ de l’ancien président Jean Bertrand Aristide en 2004, un ensemble de mesures tendant vraisemblablement à l’épuration de l’institution policière ont été prises par les nouveaux dirigeants de la police.
Certains policiers impliqués dans les violations graves de droits humains et suspectés de participation dans les violences qui ont suivi la chute d’Aristide ont été renvoyés de l’institution avec les biens et matériels de l’Etat en leur possession.
Créée en 1995 après la démobilisation des Forces armées d’Haïti (Fad’h), la Pnh vient de célébrer son 20e anniversaire, le vendredi 12 juin 2015, à l’École nationale de police (Frères), en présence, entre autres, des policiers des Nations Unies, de la Police Nationale et des officiels du gouvernement.
L’institution policière a connu des moments difficiles dans son existence et ne dispose pas toujours de moyens et outils appropriés pour assurer réellement la sécurité, constate Rovelson.
Il souligne aussi un ensemble de frustrations auxquelles font face les policiers et policières, qui sont, dit-il, privés d’avantages sociaux.
La formation acquise par les policiers et policières ne donne pas les résultats souhaités parce que ces derniers sont formés « essentiellement » par les étrangers qui ne tiennent souvent pas compte de la réalité dans laquelle évolue l’institution policière, déplore-t-il.
Les décisions prises par le Conseil supérieur de la police nationale (Cspn) sont plus politiques que techniques, critique Jilap.
« La police a eu des hauts et des bas. Il y a des périodes où la police est plus ferme qu’une autre », analyse Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
L’institution policière, ayant été très forte à ses débuts est devenue faible au moment où elle a commencé à s’impliquer dans la politique à partir des années 2000, rappelle-t-il, estimant que le pouvoir de cette époque avait beaucoup utilisé la police a des fins politiques jusqu’en 2004.
Même s’il faut applaudir la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) pour sa lutte contre des crimes organisés et kidnapping, il y a de plus en plus une volonté manifeste de politiser la police nationale, constate Espérance.
Le Rnddh dit craindre une utilisation de la police à des fins politiques à la veille des prochaines élections par des personnes placées dans les sillages du pouvoir. [emb apr 15/06/2015 16 : 00]