P-au-P, 02 juin 2015 [AlterPresse] --- La démission effective, « négociée ou voulue », intervenue ce mardi 2 juin 2015, du suisse Joseph (Sepp) Blatter [1] de la présidence de la Fédération internationale des associations de football (Fifa), constitue un soulagement pour le monde du football, analyse le chroniqueur sportif haïtien Patrice (Pepe) Dumont dans une interview accordée à AlterPresse.
« [Je suis] soulagé pour le football mondial, soulagé pour le football de mon pays (Haïti), soulagé également pour l’humanité entière », souligne Patrice Dumont, réagissant à la démission de Sepp Blatter.
Depuis 1998 [2], Sepp Blatter assurait la présidence de la Fifa, avant de donner sa démission, ce mardi 2 juin 2015, 4 jours après sa réélection controversée (le vendredi 29 mai 2015), dans des circonstances marquées par l’arrestation, fin mai 2015, de plusieurs dirigeants dans le football international - dont Jeffrey Webb de la Confédération des associations (nationales) de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf) [3] - soupçonnés de corruption et de malversation.
« La Fifa était devenue la plus grande organisation mafieuse au monde. Aucune institution nationale ni internationale ne pouvait, jusqu’à présent, rivaliser avec la Fifa dans ces termes », soutient Dumont.
Aucune voix au sein de la Fédération haïtienne de football (Fhf) n’était accessible. Le secrétaire général de la Fhf, Carlo Marcelin, serait en voyage.
Cependant, joint par AlterPresse, le président de la Fhf, Yves Jean-Bart, qui était en instance de départ d’Haïti dans l’après-midi de ce mardi 2 juin 2015, n’a pas voulu se prononcer sur la démission de Sepp Blatter.
En Haïti, aucune information ne filtre sur le vote donné par la Fhf lors de l’élection du 29 mai 2015 à la Fifa.
Congrès extraordinaire ... que va-t-il se passer à la Fifa ?
Blatter indique qu’il va convoquer un congrès extraordinaire de la Fifa, au cours duquel il remettra en jeu son mandat pour l’élection de son successeur.
Ce congrès extraordinaire devrait avoir lieu entre décembre 2015 et mars 2016.
La démission effective de Blatter, qu’exigeaient plusieurs associations nationales de football, notamment européennes, fait suite à un vaste scandale de corruption qui a secoué, fin mai 2015, la plus haute instance du football international.
Depuis plusieurs années, la Fifa était vue comme une « mafia superpuissante » à travers le monde.
Jack Warner, l’ex-président de la Concacaf et vice-président de la Fifa, qui avait démissionné en 2011, en raison des allégations de corruption, a été arrêté, le mercredi 27 mai 2015, à Zurich, par la police suisse avec huit autres membres du comité exécutif de la Fifa, à la demande des Etats-Unis d’Amérique.
Accusé de fraude, de racket et de blanchiment d’argent, Warner a été libéré après le versement d’une caution d’environ 400 cent mille dollars américains (US $ 1.00 = 50.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui).
« Lorsqu’il (Jack Warner) rentrait en Haïti, on le recevait comme un roi. Donc, ce n’est pas étonnant que ce soit la Concacaf, qui soit la pire parmi toutes les autres », relève le chroniqueur sportif Patrice Dumont.
Toute la question est de savoir pourquoi Blatter a finalement décidé de démissionner, après avoir accepté que les élections - lui ayant accordé un nouveau mandat - aient lieu le vendredi 29 mai 2015.
« La Fifa est devenue riche. Mais, toutes les belles réalisations, qu’elle a accomplies, ont été des prétextes pour faire de mauvais coups. Par exemple, l’argent pour le Centre technique Fifa Gold Cup en Haïti (Croix des Bouquets, municipalité au nord-est de la capitale) a été dépensé pendant trois fois. Ce qui a été répliqué autant de fois dans tous les pays membres de la Fifa, les pays sous-développés, qui ont bénéficié des contrats de programmes ... », critique Patrice Dumont.
La démission de Sepp Blatter est qualifiée de « décision difficile, courageuse, mais de bonne décision » par l’actuel président de l’Union européenne des associations de football (Uefa), Michel Platini, ancienne gloire du football français.
Platini ainsi que Diego Armando Maradona, ancienne légende du football argentin avaient exigé la démission de Joseph Blatter, au fort des révélations et arrestations liées au scandale de corruption à la Fifa, fin mai 2015.
Des interrogations restent pendantes sur les suites administratives au sein de la Fifa et l’attitude des diverses associations nationales, particulièrement européennes, de football.
Secrétaire général, depuis le 27 juin 2007, de la Fifa (ancien poste de Sepp Blatter avant son élection en 1998), le Français Jérôme Valcke (né le 6 octobre 1960 à Paris) est mis en cause dans le scandale de corruption qui éclabousse la Fifa depuis le 27 mai 2015.
Valcke aurait versé dix millions d’euros à Jack Warner, en trois virements, dans le cadre de l’attribution de la Coupe du monde de football 2010 à l’Afrique du Sud, révèle le New York Times.
Ce transfert d’argent de Valcke (« que Blatter avait fait revenir à la Fifa, alors qu’il avait été licencié de son poste de directeur marketing ») à Jack Warner serait au coeur de l’enquête, conduite par le Federal bureau of investigation (Fbi), signale le quotidien français « L’Equipe ».
« Danny Jordaan, responsable de la candidature sud-africaine et président de la fédération de football locale, a déjà expliqué que cet argent était destiné au développement du football dans les Caraïbes. Le dirigeant français, lui, a déclaré, dans un mail, ne pas avoir donné son accord à ces virements. Selon Delia Fischer, porte-parole de la Fifa, ces derniers auraient été validés par (l’argentin) Julio Grondona, qui est décédé » [4].
C’est l’attente dans le monde, y compris en Haïti, du football international (dans la tourmente d’une situation honteuse de corruption) sur le cours des actions enclenchées par la justice américaine, qui pourraient atteindre Joseph Blatter et générer plus de moralité et de gestion saine dans toutes les instances nationales et internationales, aux yeux des observateurs et amants internationaux du ballon rond. [jep kft rc apr 02/06/2015 15:00]
[1] Né le 10 mars 1936 à Viège dans le canton du Valais (Suisse), Joseph Blatter est le huitième président de la Fifa depuis le 8 juin 1998.
[2] Né le 8 mai 1916 à Rio de Janeiro, Jean-Marie Faustin Goedefroid de Havelange, connu sous le nom de João Havelange, a été président de la Fifa entre 1974 et 1998. Il a succédé à ce poste à Stanley Rous et laissé sa place à Joseph Blatter.
[3] « Le président de la Concacaf (et vice-président de la Fifa), Jeffrey Webb (Né le 24 septembre 1964 à George Town, Îles Caïmans, Jeffrey Webb était président de la Concacaf depuis le 23 mai 2012) a été démis provisoirement de ses fonctions par sa confédération, jeudi (28 mai 2015). Idem pour Eduardo Li, président de la Fédération costaricaine et membre du comité exécutif de la Concacaf. L’un et l’autre font partie des quatorze officiels ou proches de la Fifa, inculpés aux Etats-Unis pour des faits de corruption. Tous deux ont été interpellés mercredi matin (27 mai 2015) en Suisse. La Concacaf a mis également « en congés » son secrétaire général, Enrique Sanz. Un président par intérim, Alfredo Hawit (Honduras), et un comité exécutif spécial ont été désignés. » / L’Equipe
[4] Né le 18 septembre 1931 à Avellaneda, Julio Humberto Grondona est mort le 30 juillet 2014 à Buenos Aires. Il fut président de la Fédération d’Argentine de football et vice-président de la Fifa.
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